[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]De fil en filAu fil de souvenirs décousus, restés seuls
Dans l’aube refaisant sans cesse son ouvrage,
Nous regardons, là-bas, se poser des linceuls
Sur nos cœurs vagabonds finissant un voyage.
Cherchant au fil de l’eau l’éternelle rumeur,
Ecume d’un lointain écho pour nos pensées,
Nous laissons dériver un œil pâle et songeur,
Sur la vague emportant nos fureurs insensées.
Par tous les esprits saints j’ai honni dans le vent
Cette terrible absence et le félon mirage
Qui nous berce d’espoir et nous laisse au levant,
Les mains vides d’amour et l’éveil en naufrage.
Par le Malin servant un délice fielleux
Aux archanges déchus boitillant sur l’aurore,
Je lève mon drapeau troué vers tous les cieux,
Brandissant l’étendard de mon sang matamore.
Alors tous les mendiants, les enfants loqueteux,
Se groupent en silence aux veines de la ville,
Clopinant vers le port comme un géant boiteux
Qui hâlerait du pied sa longue et lourde file.
Mort à tous ces pierrots fardés du masque preux
De ceux qui, grands pécheurs, camouflent leur visage,
Leurs ébats dans le pourpre et le rire lépreux
Sous la poudre de riz leur offrant son mirage.
Je maudis ces passants qui, tels un grand troupeau,
Arpentent mon pavé, délavent mon automne
Et battent leur mesure au tambour de ma peau,
Piétaille sans objet, rengaine monotone.
Jérôme