Les Volcans de Larmes
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L'essentiel de la douleur humaine
 
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 L'amoureuse Chapitre 3 : Où il est question de mariage et de

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Lilas




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L'amoureuse Chapitre 3 : Où il est question de mariage et de Empty
MessageSujet: L'amoureuse Chapitre 3 : Où il est question de mariage et de   L'amoureuse Chapitre 3 : Où il est question de mariage et de Icon_minitimeMer 2 Mar - 7:15

Charles s'étira. La journée promettait d'être belle. Ce matin,le printemps déployait tous ses charmes et Charles était heureux. Il pensa à Clémence, à ses lèvres si douces, son sourire et se promit qu'il la demanderait en mariage à son père durant la partie de chasse prochaine chez Berthier. Certes, il n'était pas très riche, la fortune de la famille ayant fondu aux cours des années, et Charles ayant fait quelques placements malheureux. La finance n'était pas son fort, il préférait dépenser, sourit-il. Et puis, Clémence aurait sans doute une dote intéressante, ce qui n'était pas négligeable, par les temps qui courraient. En échange, elle deviendrait comtesse, et cela ne manquerait pas de lui plaire, ainsi qu'à ses parents. Un titre, cela faisait toujours bien sur une carte de visite. Charles se leva, un sourire radieux sur le visage, et descendit déjeuner en sifflotant. Il se sentait un appétit d'ogre. La vie était belle. Il n'avait plus qu'un détail à régler: rompre définitivement avec Marie. Il verrait cela dans la journée.


                       Clémence, elle, n'était pas du tout dans le même état d'esprit. Elle n'avait pas fermé l’œil de la nuit, après la révélation de ses parents, oscillant entre larmes et désespoir. Etre mariée sans amour, voilà un sort qu'elle haïssait de toute son âme. Elle avait toujours su, au fond d'elle-même, que c'était ainsi que les choses se passaient pour les jeunes filles comme elle. Mais elle n'aurait jamais pensé que cela arriverait si vite, que ses parents avaient déjà tramé des choses sans rien lui dire. On la cédait comme un simple meuble, en vue d'améliorer la fortune de la famille. Et cela la révoltait. Et Charles...Qu'allait-il dire? Qu'allait-il faire? N'y tenant plus, elle s'habilla, et, à pas de loup, s'échappa du manoir encore endormi, par la porte de service. Un léger brouillard recouvrait la campagne environnante, que le soleil peinait à percer. Quelques chants d'oiseaux résonnaient dans le petit matin et Clémence frissonna. Le château de Charles était devenu invisible, caché par la brume, comme s'il n'avait jamais existé. Elle en eut un coup au cœur. Comment tant de bonheur avait-il pu soudain se transformer en cauchemar insondable? Elle se mit à courir, ignorant le froid et la rosée. Ce qu'elle voulait, c'était trouver un peu de chaleur humaine et de compréhension, pour calmer sa peine. Et seule Jeanne pouvait les lui apporter, comme elle le faisait depuis toujours. Il fallait qu'elle fasse vite et soit revenue avant le réveil de ses parents. Ignorant le chemin, elle coupa à travers champs pour rejoindre le village. Elle sentit, bien avant de les voir, les fumées s'échappant des cheminées, et découvrit bientôt le village blotti au pied de l'église. Jeanne habitait de l'autre côté, non loin du petit cimetière aux tombes de granit, battu par les vents. Sa maison, une petite masure au toit de chaume, était le refuge de Clémence contre les rigueurs de la vie. Elle frappa à la porte et Jeanne ouvrit aussitôt. Elle vit tout de suite la mine défaite de Clémence et la prit dans ses bras sans dire un mot, la sentant sangloter à fendre l'âme . Elle la berça un moment tout contre elle, puis elle l'entraîna à l'intérieur, vers la cheminée où flambait un bon feu. Elle la fit s'asseoir sur un banc et s'affaira à lui faire chauffer un bon bol de lait tout frais. Clémence se laissa faire, hébétée, à bout de force. La nuit l'avait épuisée. Jeanne lui tendit son bol avec un regard bienveillant. Après l'avoir regardé un instant sans le voir, Clémence s'en saisit et bu goulûment. Elle reprenait peu à peu ses forces. Elle regarda Jeanne. C'était une petite femme au physique généreux. Ses cheveux, devenus gris, étaient nattés et enroulés en chignon, sous la coiffe traditionnelle. Elle avait d'abord perdu son mari très tôt, alors qu'elle était enceinte. Puis son enfant était mort à l'âge de  trois mois. Elle l'avait retrouvé un matin sans vie dans son berceau de bois et avait failli sombrer dans la folie. C'est juste à ce moment que Clémence était née et que ses parents avait demandé à Jeanne de s'en occuper. Ainsi la petite fille avait réussi à combler le vide de son existence. Elles s'étaient attachées très fortement l'une à l'autre, et Clémence l'aimait comme on aime une mère. C'est à elle qu'elle venait confier toutes ses peines. Et celle d'aujourd'hui était de taille. Clémence songea qu'elle ne pourrait jamais surmonter son chagrin.



— Qu'est-ce que tu as, ma Clémence? demanda Jeanne, d'une voix douce.
— Il faut que je te raconte...Le bal, hier, dit Clémence, des larmes plein les yeux, Charles m'a dit qu'il m'aimait et j'étais si heureuse, Maman Jeanne. Mais mes parents m'ont annoncé qu'ils m'avaient promise en mariage à un inconnu. J'ai le cœur brisé, hoqueta-t-elle dans un sanglot.
— Voyons, ma petite Clémence! Tu savais bien que c'est ainsi que les choses se passent dans votre monde. Charles était ton rêve de petite fille, mais la réalité est tout autre.
— Mais c'est dégoûtant! C'est révoltant!...Me vendre à  un inconnu! Je les déteste! cria-t-elle. Je ne leur adresserai plus jamais la parole!
— Je te comprends mon petit. Mais il y a des moments où il faut être raisonnable. Tu ne pourras pas échapper à ce mariage, Clémence, et, qui sait, peut-être y trouveras-tu le bonheur. Charles a une certaine réputation, et tu ne connais rien à ces choses-là.
— Mais de quoi parles-tu, Maman Jeanne?
— Le bruit court qu'il a de nombreuses maîtresses et qu'il est au bord de la ruine.
— Ce n'est pas vrai! protesta Clémence avec véhémence, oubliant la scène de baiser qu'elle avait surpris la veille. Je n'en crois pas un mot. Et puis, je me moque de l'argent. Je l'aime et rien d'autre ne compte, s'entêta-t-elle, avec la fougue de la jeunesse. Il faut que je rentre, Maman Jeanne. Ils vont bientôt se réveiller et s'ils me surprennent, je vais être punie comme une enfant.
— Vas vite, mon petit, répondit Jeanne, et fais attention à toi! Réfléchis bien et n'agis pas inconsidérément, surtout, ajouta-t-elle avec force.

Clémence l'embrassa et se mit en route. Jeanne la regarda s'éloigner en secouant la tête. Elle craignait pour sa Clémence. Sa jeunesse et sa naïveté en faisait une proie idéale. Et ce Charles...Jeanne n'en pensait pas que du bien. Enfin, se dit-elle, les parents de Clémence veilleraient au grain et ne la laisseraient pas n'en faire qu'à sa tête. Cela la rassura un peu. Elle tenterait néanmoins de raisonner Clémence dès que l'occasion s'en présenterait. Elle referma sa porte et vaqua à ses occupations, mais elle resta préoccupée par ce que Clémence venait de lui apprendre. Elle souhaitait de toutes ses forces que celle qu'elle considérait comme sa fille trouve le bonheur. Et si elle doutait que cela arrive avec Charles, elle se demanda tout de même comment cela pouvait être possible avec quelqu'un dont on ne faisait réellement connaissance que le jour de ses noces.

                        Après une nouvelle course effrénée à travers champs, Clémence regagna silencieusement sa chambre. Le manoir s'éveillait à peine. Elle se déshabilla et se recoucha. Elle ferma les yeux et sombra presque aussitôt dans un sommeil agité. Elle n'en sortit que lorsque sa mère, inquiète, vint la tirer de son lit.

— Bonjour paresseuse, lui dit-elle en ouvrant les rideaux. Le soleil rentra à flot dans la chambre beige et rose de Clémence. Il est largement l'heure de te lever! Aujourd'hui est un grand jour et tu vas me faire le plaisir de t'habiller avec soin. Ton futur époux nous rend visite avec ses parents aujourd'hui. Nous les avons conviés pour le repas de midi. Tu tâcheras de faire bonne figure et de te montrer sous ton meilleurs jour. Ton avenir en dépend.
Clémence en resta saisie. Ce cauchemar était donc bien réel. Elle soupira en sortant de son lit. Sa mère fouilla dans son armoire et en sortit une robe bleue.

— Mets celle-ci! Elle te va à ravir et fait ressortir la couleur de tes yeux. Ton fiancé va adorer! Ensuite, je te coifferai et te mettrai un peu de rouge sur les joues et les lèvres, car tu es toute pâle. Tu n'es pas malade au moins?
— Non, pas du tout Mère murmura Clémence, le cœur au bord des lèvres.

Comme un automate, Clémence fit sa toilette et revêtit sa robe. Elle ne souffla mot, de peur d'éclater en sanglots.

Le reste de la matinée passa pour Clémence comme un cauchemar. Elle était partagée entre l'envie de s'enfuir et de rejoindre Charles et l'obligation d'obéir à ses parents. Elle se sentait perdue.

                        A midi, une calèche s'arrêta devant le manoir et la famille Rougier en descendit. Le père était un petit homme costaud, pourvu d'un ventre confortable et d'un monocle, derrière lequel il observait le monde d'un oeil peu amène, qui fit frissonner Clémence. La mère, quand à elle, sèche comme un pruneau, la dévisagea comme si elle voyait un animal étrange. Clémence comprit que son escapade de la veille avait été peu appréciée par ses futurs beaux-parents. Cela augurait mal de la suite, se dit-elle. Les deux familles se saluèrent avec enthousiasme, à l'exception de Clémence qui resta sur sa réserve. Elle voyait pour la première fois son promis. C'était un jeune homme malingre et pâle, au cheveux pauvre et aux yeux marrons. Il lui déplut tout de suite.  Elle ne put s'empêcher de le comparer à Charles, et avec un physique pareil, il ne soutint pas la comparaison. Il la dévisagea avec insistance, affichant un sourire conquérant. Elle eut soudain l'impression qu'il la déshabillait du regard et se sentit très mal à l'aise.

— Vous voilà enfin Clémence! Je vous ai attendue hier au soir...Lui dit-il d'une voix de fausset.

Clémence faillit pouffer, mais se ressaisit, reprenant son sérieux.

— Oui, j'en suis désolée, Pierre-Etienne. Je me suis oubliée dans les splendeurs de l'océan en furie...

Il fit la grimace.

— Quelle idée étrange, le soir de votre entrée dans le monde, Clémence...Enfin, oublions cela, soupira-t-il. Venez, prenez mon bras.

— Oui, entrons, Pierre-Etienne, répondit Clémence, la mort dans l'âme, en posant sa main délicatement sur l'avant-bras que lui offrait son futur mari. Elle pensa éperdument à Charles, songeant que ses rêves s'éloignaient de plus en plus.Elle ne pourrait pas le revoir avant la partie de chasse à laquelle elle était conviée avec son père à la fin de la semaine. Il lui faudrait absolument expliquer  la situation à Charles. Ils pénétrèrent dans la maison, à la suite de leurs parents qui devisaient gaiement. Les Rougier semblaient ravis, à présent. Tous entrèrent dans la salle à manger et prirent place autour de la table monumentale et le repas commença. Clémence se contenta de grignoter, écoutant les conversations d'une oreille distraite. Tout son être était tendu vers un seul but: Charles. Malgré tous les obstacles prévisibles, elle ne pouvait s'empêcher d'espérer. Espérer que cela se passerait bien, et qu'elle pourrait vivre son amour avec lui. Mais n'est-ce pas le propre de la jeunesse, cet espoir insensé, surtout quand rien ne le soutient? Cet élan du coeur qui, peut-être n'aboutira pas, mais restera à jamais gravé dans la mémoire comme un moment intense et unique? Clémence sentit cette force l'habiter toute entière et se sentit invincible. Quand le repas se termina et que les Rougier repartir, emmenant leur fils conquis, Clémence courut s'enfermer dans sa chambre. Elle avait besoin de calme après ce moment éprouvant et s'étendit sur son lit. Vaincue par les émotions, elle finit par s'endormir.

                        A la fin de la journée, Charles se rendit chez Marie. Il entra par la porte de derrière et la trouva dans son jardin où elle avait l'habitude de passer l'après-midi. Elle était assise à l'ombre d'un bosquet et lisait. Charles éprouva quelques remords à la pensée de la peine qu'il allait lui faire. Mais il le fallait, s'il voulait Clémence. Il lui avait promis. Et si Charles était un être plein de légèreté, il tenait néanmoins ses promesses. Il trouvait qu'il n'y a rien de plus odieux que quelqu'un qui ne tenait pas parole. Pour lui, cela indiquait quelqu'un de faible et de versatile, ce qu'il prétendait ne pas être. Il prit sa respiration, s'avança vers Marie et lui dit:
— Bonjour Marie...Je suis désolé, mais tout est fini entre nous.
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