Les Volcans de Larmes
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 L'amoureuse:chapitre 4

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Lilas




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MessageSujet: L'amoureuse:chapitre 4   L'amoureuse:chapitre 4 Icon_minitimeMer 2 Mar - 7:19

Chapitre 4: Où les déceptions conduisent tout de même au bonheur...


Marie leva ses grands yeux gris et considéra Charles calmement. Il fut surpris, mais n'ajouta rien. Il attendit sa réaction, prêt à lui prodiguer de bonnes paroles pour la calmer. Mais il n'eut pas besoin de le faire. Elle lui sourit. Il la trouva resplendissante, sans savoir ce qui avait changé en elle. Elle semblait sereine, pensa Charles. Non, pas sereine heureuse était le mot juste. Voilà: elle rayonnait de bonheur.


— Charles...Je me doutais bien que cela arriverait un jour. Mais pas si rapidement, bien entendu, soupira-t-elle.

Charles était abasourdi par son calme. La veille, elle souhaitait mourir s'il l'abandonnait. Et là, plus rien de tout cela. Que s'était-il donc passé, pour qu'elle change d'attitude ainsi? Il ne comprenait pas.

— Je suis ravi que tu le prennes si bien, Marie. Ravi, mais un peu surpris tout de même...Ton mari serait-il rentré? Est-ce pour cela que tu restes presque indifférente à notre rupture?
— Tu te trompes, Charles, je ne suis pas indifférente, loin de là! J'en souffre déjà, ajouta-t-elle. Mais pour chaque malheur qui nous touche dans la vie, celle-ci prend soin de nous donner notre ration de bonheur, sinon nous serions tous fous de désespoir. C'est ce que je crois, très profondément. Et je viens de recevoir un cadeau inestimable. Tu ne devines pas?
— Non, je ne vois vraiment pas. Qu'est-ce donc?
— Je suis enceinte... lui murmura-t-elle d'une voix rêveuse en le regardant tendrement.
— Tu veux dire que j'en suis le père?
— Oh oui, Charles, lui dit-elle dans un sourire. Cela ne peut être que toi, si tu vois ce que je veux dire!
— Et que veux-tu faire?
— Moi? Mais rien de particulier, Charles...Tu as exaucé le vœu le plus cher à mon cœur: me donner un enfant. Et ce grand bonheur me console presque de ton abandon. Bien sûr, je te regretterai, sois-en sûr, mais cet enfant!... Je suis comblée, ajouta-t-elle avec un sourire très doux.
— Mais enfin!... Et ton mari ne va se rendre compte de rien? Tu le crois vraiment? rétorqua Charles.
— Cet homme est un sot, je suis au regret de le dire, répondit-elle en riant. En dehors de son travail, dans lequel il excelle, il n'entend rien aux choses de la vie. Je me demande même s'il va seulement se poser la question. Pour lui, c'est affaire de femme. Il suffira de jouer sur les dates. Ce sera notre secret. Un magnifique secret...murmura-t-elle.
— Bien...Ce sera comme tu le souhaites, Marie. Je m'en voudrais de gâcher ton bonheur. Je suis vraiment heureux pour toi, lui dit-il en caressant sa joue d'une main légère.
Elle lui sourit, les larmes aux yeux, infiniment heureuse et triste à la fois. Le perdre serait retourner à sa vie d'avant, obligée de vivre auprès de quelqu'un qu'elle n'aimait pas. Mais l'enfant éclairerait ses jours de ses rires et de son innocence et cela la sauverait du désespoir, elle en était certaine. Sa vie prenait enfin des couleurs douces. Charles lui fit ses adieux, et, le cœur léger, s'en retourna à son château. Il lui restait maintenant à demander la main de Clémence. Le jour approchait.

Clémence rêvassait, assise sur un fauteuil en rotin dans le jardin d'hiver. Un soleil timide ne réussissait pas à réchauffer l'atmosphère entre les ondées du printemps et la laissait frissonnante. Son ouvrage de broderie lui tomba des mains. Pour elle, le temps n'en finissait pas de s'étirer, la torturant chaque jour davantage. Elle brûlait de s'échapper et de courir rejoindre Charles pour lui parler et lui révéler le funeste projet de ses parents.Mais sa mère, comme si elle l'avait senti, avait resserré sa surveillance, consignant sa fille au manoir. L'escapade de Clémence, le soir du bal, l'avait contrariée au plus haut point et elle lui en tenait encore rigueur. Elle ne la ménageait pas et la couvrait de reproches sur sa conduite. Clémence n'osait répliquer, de peur de se voir privée de la partie de chasse. Non qu'elle aima particulièrement cela. Elle détestait voir les animaux de la forêt tués juste pour le plaisir et jugeait cette occupation futile et cruelle. Tant pis! Elle prendrait un livre et trouverait bien un coin pour y passer une journée agréable loin des fusils. Et, coûte que coûte, elle tenterait de parler à Charles. Elle ferma les yeux, le cœur battant. Son avenir dépendait de son entrevue avec lui. Elle ne savait pas encore comment, mais ensembles, ils trouveraient bien une solution, elle en était persuadée. Elle croisa les doigts et pensa très fort à lui, à eux. Elle se leva, et partit rejoindre ses parents qui l'attendaient pour le thé. Sa mère ne tarit pas de compliments sur son futur époux. Pour elle, il avait toutes les qualités, mais Clémence pensa qu'elles résidaient surtout dans le montant de sa fortune. Son père se contenta d'approuver en hochant la tête et en poussant quelques grognements approbateurs. Il semblait se désintéresser de la situation. Clémence se sentit soudain vraiment seule au monde, abandonnée de tous, sauf de Charles. Elle baissa la tête, le cœur gros. Tout en elle criait l'absence, le vide et le besoin de lui. Il lui sembla tout à coup que toute existence sans sa présence serait inutile et vaine. Elle était à la croisée des chemins.


Le jour de la chasse arriva enfin. Clémence se réveilla très tôt et revêtit sa tenue, une robe de drap vert avec un bouillonné de dentelles mousseuses sur le décolleté qui la mettait fort bien en valeur, et, pour compléter le tout, un chapeau qui lui donnait un petit air effronté avec ses plumes de faisan plantées fièrement sur le côté. Elle choisit aussi une vieille sacoche à bandoulière, en cuir éraflé, qui avait déjà bien vécu, et couru tous les chemins environnants avec elle. Elle y glissa un livre, un mouchoir bordé de dentelle, ainsi qu'un morceau de pain qu'elle avait subtilisé la veille à la cuisine, avec une pomme. Elle descendit ensuite pour le petit-déjeuner et retrouva son père dans la salle à manger. Celui-ci lui sourit, mais n'eut rien à lui dire, comme à l'habitude. Clémence, quand à elle, ne songeait qu'à Charles. Mais ce matin-là, la joie était absente de ses pensées. Elle éprouvait une sombre impatience de le revoir. Tant de choses étaient en jeu...Clémence et son père partirent en calèche chez Berthier, un armateur lui aussi, qui habitait une belle demeure à l'entrée du bourg voisin. Sa mère viendrait en fin de journée pour le repas et la soirée qui suivrait. Clémence s'en trouva soulagée. Au moins son père ne l'accablerait-il pas avec son fiancé.


Charles arriva peu après dix heures chez Berthier. La meute, excitée, faisait un raffut de tous les diables. Tous les hommes et quelques femmes étaient déjà là, fusils cassés sur le bras, impatients d'aller en découdre avec le gibier. Tous parlaient forts, avaient la mine réjouie des nantis. Charles repéra le père de Clémence et la chercha des yeux. Il l'aperçut enfin et la trouva merveilleuse dans sa tenue de chasse. Il se rendit compte qu'elle avait l'air perdu et triste. Son cœur se serra. La joie qui la faisait vibrer le soir du bal semblait avoir disparue. Il se dirigea vers eux.

— Bonjour Pierre, bonjour Clémence, leur dit-il en souriant. Il adressa un regard tendre à Clémence. Elle le lui rendit mais il sentit qu'il y avait de l'inquiétude dans le sien.
— Bonjour Charles, répondit le père de Clémence en lui serrant la main. Le temps est superbe pour cette chasse, nous avons de la chance.
— Oui, elle promet d'être belle. Pierre, j'aurais besoin de vous parler un instant.
— Bien sûr, Charles! Éloignons-nous un peu.
— Je vais me promener un peu, dit Clémence, les bords de la rivière recèle des herbes très utiles, ajouta-t-elle, en espérant que Charles comprendrait le message.
— Sois prudente, dit son père, l'air absent.

Les deux hommes s'écartèrent du groupe et se mire à discuter. Clémence en profita pour se faufiler entre les chasseurs et prendre le chemin de la forêt. Elle connaissait le terrain comme sa poche, à force de l'explorer avec Maman Jeanne. Elle se dirigea vers la rivière qui coulait non loin de là, sachant que la chasse n'y passerait pas. Épuisée nerveusement, elle s'assit au pied d'un arbre, respirant profondément l'air frais de la matinée. Des libellules dansaient dans les rais de lumière que le soleil dardait au-dessus de l'eau à travers les feuillages et quelques poissons venaient gober des insectes à la surface. Ce spectacle lui fit du bien, comme une chose familière peut rassurer un enfant perdu. Elle se sentait dans son élément. La nature savait toujours être généreuse. Il suffisait de prendre la peine de regarder autour de soi. Elle s'apaisa peu à peu, Elle se demanda ce que Charles avait à dire à son père. Peut-être allait-il lui parler d'eux, de leur avenir? Mais quelle pouvait en être l'issue, puisqu'elle était déjà promise? Clémence ferma les yeux, sentant les larmes poindre. Elle prit sur elle-même, pour ne pas céder au chagrin et prit le livre dans sa sacoche. Elle voulait fuir momentanément la réalité et cela l'aiderait grandement, car elle adorait lire. En soupirant, elle se plongea dans sa lecture.

— Pierre, j'ai l'honneur de vous demander la main de Clémence, déclara Charles, en souriant largement.
Pierre le regarda d'un air très gêné.
— Je...Je suis au regret, Charles...Vraiment, si je m'attendais..., balbutia-t-il.
— Comment cela, Pierre? Qu'y a-t-il?
— Clémence est déjà promise à un autre. Je suis désolé, Charles. Il s'en est fallu de peu. Elle a déjà été présentée à sa future belle-famille et nous nous sommes engagés devant notaire au sujet de la dot. Les choses suivent déjà leur cours. Le mariage aura lieu le mois prochain.

Charles pâlit. Clémence allait lui échapper. Le cœur lui manqua et il tourna les talons sans rien ajouter. Il se souvint de ce que Clémence avait dit: la rivière. Comme un somnambule, il se dirigea de ce côté. Pierre le regarda partir en secouant la tête. Que croyait donc ce bon vieux Charles? Qu'il allait donner sa fille unique à un homme tel que lui, presque ruiné et à la réputation douteuse? Il n'en était pas question! Il se joignit à ses amis et chassa cette idée de ses pensées.

Charles était bouleversé et malheureux. Ses beaux projets venaient de voler en éclats. Il avait besoin de retrouver Clémence. La rivière lui apparut au détour du chemin. Il l'a suivit un moment, puis il aperçut enfin Clémence. Assise au pied d'un arbre, elle lisait, la tête penchée, les plumes de son chapeau s'agitant dans le vent, comme si elles lui faisaient signe. Elle lui parut si belle, si désirable qu'il en eut mal. L'émotion le submergea et c'est avec une voix voilée qu'il l'appela, pour ne pas la surprendre.


— Clémence...J'ai voulu demander ta main à ton père, murmura-t-il, en s'asseyant à ses côtés, mais il vient de me dire que tu vas te marier bientôt.
Clémence le regarda au désespoir, les yeux remplis de larmes.
— Oui, Charles, sanglota-t-elle. Je le savais, mais Maman m'a consignée à la maison et je n'ai pas pu te le dire.
— Je t'aime, lui dit-il
Pour toute réponse, Clémence se mit à pleurer de plus belle.

Charles la prit dans ses bras, caressa son beau visage. Sa peau était si douce sous ses doigts. Il se pencha et posa ses lèvres sur les siennes. Elle se laissa faire en fermant les yeux, le corps parcouru de frissons. Elle se perdit dans ce baiser. Ils étaient désormais seuls au monde, leurs souffles mêlés, serrés l'un contre l'autre. Charles l'embrassa délicatement dans le cou, respirant son parfum...Rose et iris, il s'en souvenait. Jamais il n'oublierait cette odeur, celle de la femme qu'il aimait de toute son âme. Soudain, il sentit quelques gouttes de pluie. pendant qu'ils s'embrassaient éperdument, le ciel s'était couvert. L'orage menaçait. Il se leva et la prit par la main. En riant, il l'entraîna vers une grange voisine. Elle le suivit, incapable de lui résister. Elle rayonnait de bonheur à nouveau. C'était comme si le reste n'avait plus d'importance, seul Charles existait à ses yeux. Un feu dévorant lui brûlait le cœur et le corps et elle l'aurait suivi au bout du monde. Dehors, les éléments se déchaînaient, mais dans la semi-obscurité qui régnait dans le vieux bâtiment, un silence aussi fragile que du cristal, mais d'une grande intensité, s'était installé entre les deux amoureux. Tendrement, Charles souleva Clémence et la déposa sur la paille. Il la couvrit de baisers et de caresses. Ses mains explorèrent fiévreusement son corps dans un tourbillon sensuel qui bouleversa Clémence. Elle y répondit avec fougue. Il la déshabilla lentement, la découvrant peu à peu et la submergeant de baisers et de caresses. Instinctivement, Clémence le suivit sur le chemin du plaisir. Et c'est tout naturellement qu'ils s'unirent pour la première fois.
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