Je frissonnais au vent froid de l'hiver naissant
Dans le petit-jour qui, enfant, riait tout bas
Décoiffait mes cheveux, faisait buter mon pas
Sur les cailloux aigus des chemins hors du temps.
Une tristesse encore se cramponnait à moi,
Refusait de mourir, enfonçait tous ses doigts
Dans mon âme tendre, bruissait comme de la soie
Dont on aurait fait un fin linceul aux émois.
Et voilà que tu viens, toi, léger comme la plume
D'un oiseau fantastique, qui effleure ma joue
Et murmure dans un souffle, comme une écume,
Des mots si aériens, paradisiaque avant-goût.
Alors mon âme frémit, de joie elle tremble.
Le petit jour s'illumine d'éclats dorés
La tristesse s'en va, très loin il me semble,
Et mes lèvres se tendent à ton doux baiser.