Les Volcans de Larmes
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L'essentiel de la douleur humaine
 
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 Un enfant - un amour.

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Natacha Péneau

Natacha Péneau


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MessageSujet: Un enfant - un amour.   Un enfant - un amour. Icon_minitimeDim 1 Juil - 6:59

UN ENFANT - UN AMOUR

Bruit strident de la sonnerie… Fin du travail… Vite ! je range la table de l’atelier. Je crie un « au revoir » à la cantonade et je me précipite dans l’escalier…
Le métro est à deux pas. Pourtant, aujourd’hui, tout est si loin ! Je cours, bousculant les passants. Mais qu’importe, il faut que j’arrive au plus vite à l’hôpital des enfants malades. Les visites sont de 18 heures à 18 heures 30. Chaque minute gagnée est une minute supplémentaire que je passerais auprès de ma petite fille…

Enfin ! Me voilà devant ces immenses bâtiments gris, sales qui, à eux seuls, me serrent le cœur… Deuxième étage - salle trois… Vite, plus vite encore… J’ouvre la porte. Le lit est vide ! Je reste tétanisée, sans voix, sans mouvement… Que s’est-il passé ? Les scénarios les plus lugubres me passent par l’esprit… Non pas ça. Une femme en blouse blanche s’approche de moi. Elle me parle. Je ne peux que montrer le lit vide… où, hier encore, ma fillette m’attendait… ses grands yeux tournés vers la porte.

Mon esprit cotonneux finit par saisir qu’un homme « le père » est venu la chercher, le matin même. Les docteurs ont bien essayé de le dissuader, l’enfant souffrant de fortes crises d’asthmes, mais rien n’y fit. L’homme signa une décharge et, enveloppant la fillette de trois ans dans sa capuche d’uniforme, l’emmena on ne sait où !
- Comment est-ce possible ? Chuchotais-je enfin.
- Il est son père. Et, de ce fait, a les mêmes droits que vous sur l’enfant. Nous n’avons rien pu faire !

Le retour chez moi, dans une lointaine banlieue, me sembla interminable. Je savais que mes parents m’accueilleraient avec joie, ainsi que ma petite sœur et que je pourrais, ainsi, me laisser aller à ma douleur… Ils m’ont écoutée attentivement, beaucoup plus perdus que je ne l’étais moi-même :
- Que vas-tu faire maintenant ?
- Que vais-je faire ?
Je me sentis seule, désespérée. Comment retrouver mon enfant ? Dans quel état sera-t-elle ?
Demain… Attendre demain pour y voir un peu plus clair.
Ma mère n’arrêtait pas de parler pour ne rien dire. Papa se taisait. Heureusement ma sœur babillait, voulant jouer avec moi… Attendre demain… Paraître normale.

Le lendemain matin je reçus un télégramme. « Tania pension adresse suit… prière d’envoyer garde robe ! » La parcimonie du père me sauva. J’avais l’adresse de l’endroit où ma fille avait été placée. Un orphelinat russe, dans l’une de ces banlieues que l’on atteint au bout de trois heures de transports en commun. Je préparais une petite valise des effets de ma fillette, son dossier médical et je partis. Ce fut interminable !
Enfin je me trouvais devant le portail de cette pension. L’on m’ouvrit, me fit entrer dans un petit salon où une dame vint me voir et me demander la valise de l’enfant.
- Mais je veux voir ma fille ! criais-je.
Un silence lourd… Je me sentis coupable… oui mais de quoi ?
- S’il vous plait, puis-je voir ma fille ?
- Son père nous l’a interdit, Madame !
- J’ai les mêmes droits que lui avant le divorce ! Je ne vous donnerai pas son trousseau si je ne la vois pas !
- Bien, je vais me renseigner.

La femme partit. Je restais à nouveau, seule, le cœur battant, prête à lutter, sans trop savoir comment j’allais mener cette bataille pour récupérer mon enfant.
La porte s’entrouvrit sur le cerbère qui cachait, par son corps massif, la petite fille dont les grands yeux bleus mangeaient tout le visage.

- Tania… ma grande… ma toute petite fille !

Je la pris dans mes bras, la berçai contre moi. Son souffle asthmatique était plus calme qu’à l’hôpital. Elle va mieux, me suis-je dit, c’est le principal. Pendant que je l’habillais, la surveillante m’annonça qu’elle n’avait pas le droit de me laisser seule avec ma fille et que je devais partir dès que j’aurai fini de l’habiller.
- Quand pourrai-je revenir ? Puis-je la prendre à la maison en fin de semaine ?
- Vous pouvez revenir. Mais ne pourrez voir votre enfant qu’en présence d’une institutrice de la maison.
- Bien, je viendrai la semaine prochaine.

Je devais travailler. Chercher un avocat. La date de mon divorce approchait. Je devais… Je devais encore… Et… il faut que je prenne conseil de mon camarade français avec lequel je fais des traductions franco-russes. C’est un homme d’une dizaine d’années plus âgé que moi. Il saura peut être me conseiller. C’est ce que je fis dès le lendemain.
Yves, mon copain, outré par mon histoire d’enfant volé par le père, décida de m’aider.
Bourgeois, il avait évidemment un avocat, ami, dans sa manche. Ce dernier nous reçut le jour même et nous conseilla à la perfection.
Le samedi suivant, jour de ma visite, nous partîmes Yves et moi.
Nous nous arrêtâmes d’abord au commissariat de Villeneuve avertir le commissaire que nous allions voler ma propre fille, à la pension d’à côté. Émoustillé d’être dans le coup, l’inspecteur me dit qu’il était avec nous, et ne bougerait pas d’un iota si la pension l’appelait… Nous allâmes, ensuite, vers les grandes grilles du parc de l’orphelinat. Les enfants jouaient au soleil. Je finis par voir ma fille et ouvris la grille pour m’approcher d’elle. Le jardinier nous aperçut et partit donner l'alerte. Je pris, alors, mon enfant dans les bras et me dirigeais au plus vite vers Yves.
L’alerte donnée, des dames plus ou moins jeunes se précipitèrent vers moi. Je remis ma fillette dans les bras d’Yves en lui disant le plus calmement possible :
- Voici Tonton Yves. Veux-tu aller avec lui ? Je viens vous rejoindre très vite !
- Oui, dit-elle en desserrant ses petits bras pour les mettre autour du cou d’Yves.

Il était temps. Je fus agrippée et jetée à terre. Je me battis comme une tigresse pour donner à Yves la possibilité d’aller tranquillement à la gare. Personne n’a pensé à rattraper l’enfant. Tous les efforts étaient concentrés sur moi qui devenait une vraie harpie…L’heure tournait. Tania était à l’abri ! Je fis mine de me calmer et proposais de téléphoner au commissariat !…
- Nous allons d’abord appeler le père, après on verra…
- L’enfant nous a été volé, mais nous avons la mère ! dirent-elles dès qu’elles l’eurent à l’autre bout du fil.
Je n’ai pas suivi la conversation. Ayant raccroché l’appareil, personne ne faisait mine de me relâcher, ce fut moi qui demandais à parler au commissaire. La directrice des opérations composa le numéro…au fur et à mesure de la conversation son visage s’affaissait, rougissait et palissait tout à tour…
- Nous ne séquestrons pas la mère, elle peut partir quand elle veut… dit-elle.
C’est ainsi que je fus libérée…
Après un long trajet, je me présentais pour la première fois au 15 de la rue de Prony. J'avais été traînée dans la terre, la robe déchirée, j'étais sale, mais j'irradiais de bonheur. J’allais reprendre ma petite… ma grande… ma fille…
Yves m’attendait. Il me la remit très vite dans les bras. C’est avec ce trésor le plus précieux au monde que je m’enfuis dans ma banlieue lointaine… J’avais encore tant à faire avant le divorce…
Il fut prononcé quelques jours après : « La garde de l’enfant à la mère…. »
En sortant du Palais de Justice je téléphonais à Yves avec une reconnaissance éperdue…Le cœur noyé de larmes… d’amitié pensais-je…
Non d’amour !

Yves devint mon mari, nous eûmes deux fils… Le 15 rue de Prony fut mon adresse jusqu’à ce jour. Et nous venons de fêter nos cinquante ans de mariage !

Natacha Péneau
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Rodes (nurtapa)
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MessageSujet: Re: Un enfant - un amour.   Un enfant - un amour. Icon_minitimeDim 1 Juil - 7:21

Un enlèvement, à présent ! Bientôt je vais apprendre que tu faisais partie de la Bande à Bonnot ! Smile
Quelle vie trépidante ! Donc tu étais rentrée d'Indochine, si j''ai bien compris.

Jérôme
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Natacha Péneau

Natacha Péneau


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MessageSujet: un enfant-un amour   Un enfant - un amour. Icon_minitimeDim 1 Juil - 7:50

là j'ai sauté deux ans très riche en événement..J'ai vécu un an et demi à Saïgon. à propos de boyesse... à l'époque tous les français apelaient les français appelaient les vietnamiens « boy » et les femmes « boyesse »...je ne veux pas en dire plus car je vais entamer ma prochaine nouvelle sur l'Indochine. je ne promets pas de la finir demain !
ni de la commencer aujourd'hui. Mais ce sera mon premier projet. OK.
Bon dimanche amitiés,
Nat
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MessageSujet: Re: Un enfant - un amour.   Un enfant - un amour. Icon_minitimeDim 1 Juil - 10:10

Tu m'avais raconté l'histoire, j'avoue que c'était dur à vivre et en te lisant je me remémore vaguement ce qui s'est dit. Bonne journée Nat Smile
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MessageSujet: Re: Un enfant - un amour.   Un enfant - un amour. Icon_minitime

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