Conte rural
Dans un trou vérolé du centre de la France,
Un bouseux flatulent regagnait son taudis
Pendant que sa morue aspirait du lait rance
Sous un bovin crotté qui frétillait du pis.
Près d’un âtre moisi qui grouillait de vermine,
Le péquenot posa ses miches de cagnard,
Sur un gros tronc pourri qui refoulait l’urine,
Puis ôta le sabot collant à son panard.
Un essaim de bourdons qui tétait une bouse
Au fond d’un grand baquet, bancal et purulent,
Déserta son étron pour mener la partouze
Au grand pied du nigaud, qui fumait son relent.
Mugissant comme un bœuf, gerbant sa chique molle
Sur la pelote noire et lourde d’apidés,
Le paysan gagna, traînant sa patte folle,
Le giron de sa grosse aux mamelons ridés.
Saisissant le minus, la costaude rombière
L’emporta prestement vers la fosse à purin,
Puis plongea, tout entier, dans l’infecte tourbière
Sa moitié d’abruti qui beuglait, purpurin.
Alors, faisant tourner au fond de la narine
Son unique neurone à l’aide de l’index,
La fermière en sortit une glaire ivoirine,
Bien dorée et fleurant comme un calisson d’Aix.
Mais, le temps de plonger la jaune friandise
Dans le gouffre béant de son profond gosier,
La matrone appliquée à cette gourmandise,
En oublia son mec qui pétait du lisier.
Alors elle saisit le haillon de sa lope,
Hissa gaillardement, d’un bras, son corps gluant
Puis, fouillant le cadavre elle en sortit un clope
Et posa son gros fion sur le défunt puant.
Après avoir jeté dans la bouche fétide
Du gueux qui commençait à suinter de poison,
Son mégot consumé, d’un doigt jaune et livide,
La mégère gagna, paisible, sa maison.
Jérôme