Le brouillard matinal musarde au pâturage,
La lune encore un peu veille d’un œil gibbeux
Que déjà l’on entend au creux des champs herbeux
Les cris du laboureur s’étant mis à l’ouvrage
C’est au pas cadencé qu’il besogne avec rage,
Conduit la vieille houe attelée à deux bœufs
Et fait aller le soc en grands sillons bourbeux.
Qu’il a les gestes beaux tant il a de courage !
Jusqu’à la nuit tombée il mène le licol
Qu’il tire à hue à dia pour arracher du sol
Sa pitance menue éclose de la glaise
Quand la mort sonnera son ultime labour
Il partira bien las sans flonflon ni tambour
Poussant sur son grabat un profond râle d’aise