Je...
Je... ne suis rien...Ou presque rien
Ce frisson dans l'air...Cette poussière d'étoiles...
Invisible et folâtre...Un nuage...
Rien ne m'accroche...Infinie, multiple et unique
Chaleur, silence, vague de douceur,
Ce demi-sourire qui s'attarde, effleure la joue veloutée
Sous un soleil fruité dans les chants des oiseaux
Je change à l'infini, jamais la même,
Evanescente...Et souvent je sombre dans l'oubli
Mais j'ai la fidélité aimante et généreuse
J'accoure à la moindre bulle de silence
Parfois, j'arrive comme la pluie, à la lisière de l'esprit
Un parfum d'autrefois m'accompagne, transparent et usé,
Mais avec obstination, il se hisse sur la pointe des pieds,
Et me voilà petite dans la chaleur d'un regard de mère
Dans le train de nuit, le chemin est sinueux
Étrangement peuplé, mais l'allure familière
Je reconnais les couleurs, là un ami s'estompe
Je ne sais plus qui il est, dilué à l'eau de la vie
Messagère portée par l'ombre des vents,
Akènes dispersées au hasard d'un voyage mythique,
Un rosier à la douceur poivrée m'entraîne dans son sillage
Vers l'innocence d'un matin de printemps
A flotter sur un lac vert aux eaux étales
Mon corps se dénoue, lâche prise et s'effrite,
Je ne vois plus que le ciel, bleu à faire rire
Jusqu'à toucher des lèvres la coupe de soie
Boire l'univers, m'enivrer à son pouls,
Quelques notes de piano me servent de couche
Entre mes lèvres, le goût sucré d'une papaye
Me baigne de son incandescence et je fuse dans l'aube rosée
J'affleure à la caresse d'un frais rayon couleur de miel
Et je me perds, je me fuis par la fenêtre de la vie
Entre mes doigts, un brouillard laisse quelques lambeaux
Qui scintillent un instant dans mes yeux éblouis
Je...ne suis rien....Juste l'ombre d'un rêve
Il ne reste que moi et c'est si peu..