Pudeur (Sonnet français)

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Pudeur


J'ai retenu des cris entre fougue et prudence
Sous le ciel estompé d’un habile doigté,
De tes mains sillonnant ma peau, de liberté,
Avant d’y recueillir ta plus belle semence.

J'ai cousu mon regard au fil d’une sentence,
En ai bu le vin noir jusqu'à l'ébriété,
Renié les matins, banni les fleurs d'été,
Nourri de sanglots bleus ma pudique apparence.

Et te voilà tout près à deux pas de mon seuil,
Immobile et trônant comme un noble chevreuil.
Je caresse des yeux ton pelage châtaigne.

Alors le soir descend sur ta robe velours,
Je vois couler un pleur à ta patte qui saigne,
Buvons Prince des nuits le sirop des amours.


*

Chrissette