La brume caresse la rose,
Lui apportant couleur vermeille.
Sa robe elle défroisse et pose
Dans sa corolle des merveilles.
Elle donne au soleil naissant
L'éclat de sa belle jeunesse,
Offrant sa fraîcheur au passant
Séduit par sa tendre promesse.
Son parfum rouge et capiteux
Attire ses amants ailés,
Qui se pressent nombreux
Sur son coeur d'exquise enflammée.
Au soir, fatiguée, elle dort
Et rêve à la lune d'or
Qui berce son sommeil de fleur
Et exalte ses senteurs.
Jamais elle ne pense, la rose,
Au temps qui passe et aux saisons,
A la légèreté des choses,
A la prochaine lunaison.
Elle ignore que sa fin est là,
En septembre sous le ciel gris
fouettée par le vent froid,las,
Elle s"éteint comme une bougie.