La brume d'automne s'abat,
Voile opalescent et diaphane,
Sur les hommes, dans leur galetas,
Comme une vile courtisane.
C'est une misère sans âme,
Rien n'y pousse que le désespoir
De n'être rien sous la flamme
Incandescente d'un soleil noir
La veule dissimule un temps
La sombre et dure réalité,
Efface les traces d'un sang
Soumis au joug de la corvée.
Même les bruits sont assourdis
Dans la dense obscurité blanche,
Le malheur muet sans un cri
Stagne sans l'ombre d'une revanche
Et quand elle se retire enfin
La misère à jamais vainqueur
Brandit le spectre de la faim
A son monde empli de terreur