Lépreux (Sonnet)

Moi je n’ai rien bâti, ni maison, ni tombeau.
Je suis souffleur de vers, sans chagrin, sans personne
Un souverain pantin sans royaume ou couronne,
Une approximation de destin, de lambeau.

Je suis noir en dedans, de charbon, de corbeau.
Mon destin tourne en rond, mon chemin déraisonne
Je repeins l’horizon d’un dédain qui détonne,
D’un seul coup de pinceau je recouvre le beau.

Je ne suis qu’un débris s’éloignant de la rive,
Le miroir éclaté d’un phare à la dérive,
Prisonnier de son verre et faisant illusion

D’exister, de sourire et de mimer sa vie,
Comme un fou pantelant à la trouble vision,
Un lépreux dégustant sa ration de survie.