Les martyrs avançaient dans des robes de bure,
Le regard fatigué et le corps amaigri
Vers un gouffre sans fond que l’éclat des armures
Ne pouvait pénétrer tant y régnait la nuit.
Et la lance acérée des bourreaux immobiles,
Erigeant en conquête sa pointe glacée,
Escortait vers la mort cette foule servile,
Suffocante de brume et de pleurs étouffés.
Ils étaient des amants, infidèles, sans foi,
Des épouses lassées, des enfants assassins
Qui pensaient de la vie méconnaître les lois
Sans qu’aucun châtiment ne leur brisât les reins.
Mais l’abîme infini se repaît de nos peurs
Et de ceux qui, trop fort, chantèrent le dépit,
Affublés de lumière et de rires moqueurs
Quand périssait un frère à côté de leur lit.
Jérôme