C’est un écueil immobile, usé des flots et du vent,
Où mille bois éventrés gisent encore au néant.
C’est une aiguille de roc, une beauté meurtrière
Au fil tranchant de l’estoc, à la caresse guerrière
Elle est un phare perdu pour les errances marines,
Elle est la loi de nos peurs, de la mémoire enfantine,
Une contrée de l’ultime, un paradis de grisaille
Où je reviens chaque jour pour me lover à sa faille.
On sait au loin des pays, luxuriantes canopées
Où l’épice est abondante et les hommes, des guerriers,
La conquête des puissants sur les blanches orchidées,
Le triomphe de géants sur des ailes ajourées.
Le courant m’a emporté sur des rives sans lumière
Et au loin, votre cité illumine l’univers
De ces chairs au tendre goût qui crépitent à la flamme
Et se perdent dans la nuit sous le rire de vos femmes.
Jérôme