EPILOGUE
Grand-père W.W.
Quelques mots avant de clore cette histoire familiale du coté paternelle.
Mon père a toujours aidé sa mère et son beau père avec qui il était devenu très ami. Ses deux demi- frères ont fait leurs études en France avec une bourse de l’état, l’un devint ingénieur des ponts et chaussées l’autre ingénieur électricien passant très rapidement sur les premiers monstres électroniques.
La guerre 39-40 est arrivée les deux frères partirent se battre pour leur patrie adoptive
L’un fut prisonnier envoyé dans un camp en Allemagne, l’autre passa en zone non occupée avec son régiment .Il travailla dans une ferme puis réussit à rejoindre la famille à Paris, il ne pouvait pas trop se montrer car les jeunes étaient pris de force et envoyés en Allemagne.
Mon Grand père fut arrêté en 1942 pour avoir hébergé un citoyen soviétique. Il fut enfermé dans un camp à Drancy. Il a survécu pendant une année.
Grand mère resta seule avec mon père et moi devenue infernale, elle me remit à ma mère avec plaisir : « en espérant ne plus jamais te revoir », me dit elle... Comme je la comprends maintenant.
Les russes furent libérés du camp de transit de Drancy, pour laisser leurs places aux juifs.
Grand-père reprit son travail à la librairie à trainer, attelé comme un animal, une charrette pleine de paquets de bouquins à livrer.
*
La vie se déroulait au fil des ans. Mes oncles se marièrent et partirent faire leur nid dans d’autres coins de Paris.
Mon père et ma mère se sont remis à vivre ensemble.
La guerre était finie. Mes oncles ont eu des enfants, même mon père et ma mère n’ont pas voulu être en reste, une jolie petit fille est née.
Tous les dimanches nous nous réunissions chez grand-mère c’était la fête.
Comment faisait-elle pour nous gâter comme cela avec le maigre salaire de mon grand père. Elle gagnait un peu d’argent en faisant des massages amaigrissants et des piqures à quelques russes.
A l’époque la sécurité sociale n’était pas encore entrée dans nos mœurs.
J’étais devenue une jeune femme, ma grand-mère se mis à me regarder avec d’autres yeux,
Nous sommes devenues de grandes amies, elle me fit des confidences : « je n’ai pas eu de fille, me disait elle, il y a des choses que l’on ne dit pas à un fils... »
Je l’ai adoré et toute ma vie a été guidée par son courage, sa volonté sa générosité que dire de plus ? Elle est toujours près de moi dans mon cœur et mes pensées.
En 1951 Grand-père est mort d’épuisement, son cœur a lâché, il est tombé aux pieds de sa femme en revenant de son travail. Il avait 60 ans.
Deux ans après ma grand-mère l’a suivi.
FIN.
A suivre... « Fille Unique. »