Chapitre VI
La Pologne
Avec le passeur la route nous sembla plus facile…nous sommes arrivées dans une forêt …
« Regardez de l’autre coté des bouleaux c’est la Pologne. » nous dit notre jeune compagnon.
, Rien ne laissait présager que nous changions de pays …
« Traversez la clairière puis allez tout droit jusqu’à la première route, que Dieu vous garde ! »
Notre guide nous quitta sur ces mots… Nous, nous empressâmes de quitter les lieux en marchant le plus silencieusement possible… et le plus rapidement aussi.
Enfin la route se profila devant nous… serait-ce la Pologne ? Nous avons marché dans l’incertitude jusqu’à ce qu’un panneau Indiquant le prochain village s’inscrive devant nos yeux… écrit en Polonais.
Nous étions sauvées !
Arrivées à la première bourgade nous nous sommes rendues auprès des autorités, sans papiers, sans passeports…Mais les gendarmes polonais avaient déjà l’habitude des émigrés russes ils nous ont donné des visas provisoires, comme nous allions chez nos cousins, nous reçûmes des billets de trains et des bons de ravitaillements…
Quinze jours de droit de séjour … Nous fument accueillis à bras ouverts, par ces parents lointains.
Des nouvelles de ton papa nous attendaient : il était vivant, blessé à la face mais vivant et il ferait son possible pour nous rejoindre au plus vite !
Nos cousins essayèrent de prolonger nos visas Ils se portèrent garant de nous, mais rien n’y fit. La Pologne était submergée d’émigrés et nous devions partir au plus tard dans un mois.
L’Allemagne pouvait nous accueillir Nous décidâmes de poursuivre notre chemin de l’exil…
Un matin j’étais près de la porte quand la sonnette retentit, j’allais ouvrir et je me trouvais devant un monstre défiguré qui me tendait les bras, je me suis reculée ... il murmura « Maman ! »
Je me souviens de mon cri et puis ce fut le trou noir je m’étais évanouie.
Quand j’ouvris les yeux, Micha était là me tenant les mains …. J’avais honte de ne pas avoir reconnu mon fils….j’aurai voulu mourir.
Pourtant j’avais été prévenue de sa blessure mais je ne m’attendais pas à le voir dans cet état.
Brûlé au visage jusqu’au dernier degré, un trou à la place de son nez Non je ne le laisserai pas comme ça… je trouverai un moyen, de lui rendre un visage.
En attendant il fallait faire face à ma bêtise et mon inconséquence…
Je le pris dans mes bras mon pauvre, pauvre petit, il me raconta comment il a pu fuir. Pendant ce temps ses vêtements pleins de vermines brûlaient dans la cour … Nous étions enfin tous réunis loin des fusillades et des massacres. Désormais rien ne pourra nous séparer. Dans quelques jours nous partirons en Allemagne…
J’ai quitté mes cousins avec beaucoup de reconnaissance pour tout ce qu’ils avaient fait pour nous et une peine profonde de partir vers l’inconnu.
Les derniers liens familiaux s’arrêtaient là…
CHAPITRE VII
L’Allemagne
Nous embarquâmes en train pour Berlin. Les allemands sont très organisés, des camps de toile
étaient prévus pour nous accueillir, on nous délivra immédiatement des papiers et un bon de travail
pour les hommes adultes de la famille, Micha et ton papa. Nous reçûmes également des tiquets pour
une semaine de nourriture. Nous primes possession d’une grande tente pour cinq…
Micha fit le tour du camp ce n’étaient que des émigrés russes. Parmi eux plusieurs de nos amis et
connaissances … très vite nous nous organisâmes à l’intérieur du camp.
Je fus chargée de l’infirmerie et de la garde des enfants pendant que les parents travaillaient.
Micha et ton papa étaient affectés dans une mine de charbon… Le travail était pénible mais
il nous permettait de vivre … nous étions heureux de cette trêve.
Je savais que la chirurgie réparatrice était très en avance en Allemagne surtout après la guerre de
14-18 …je me renseignais auprès du meilleur chirurgien, évidemment les prix ne nous étaient pas
accessibles. Sans en parler à mon mari j’écrivis au Grand Duc R. lui expliquant que mon fils avait
donné son visage à sa patrie et au Tsar Mon fils n’avait que vingt deux ans et je le suppliais de nous
venir en aide.
Quelques temps plus tard je reçu en réponse un rendez vous à l’hôpital Mon fils était accepté pour toute
la durée que nécessitait la réparation de son visage tous frais payés, en plus on lui offrait une bourse
d’étude pour l’université de son choix…
Micha m ‘en a voulu d’avoir agit derrière son dos. « Nous ne sommes pas des mendiants » me disait il,
Il pouvait me dire ce qu’il voulait, tout m’était indifférent du moment que mon fils puisse avoir un visage
convenable … »
« Mon papa est très beau, il est tout à fait convenable ! » m’écriai-je les larmes dans les yeux…
« Oui mais si tu l’avais vu… »
« Je l’aurai trouvé le plus beau ! Quand je serai grande je veux me marier avec papa… »
« Bien, mais en attendant va ranger ta chambre, il faut que je prépare le dîner… »
« Je peux jouer à la poupée avant ? Tu sais quand je serai très, très vieille comme toi je raconterais
aussi l’histoire de ma vie. » sur ces mots je partis en courant dans ma chambre.
Comme tous les enfants j’avais la faculté de vivre plusieurs vies en même temps.
La mienne, celle de mes héroïnes de roman, celle de ma grand mère, de ma maman et bien d’autres
encore !
Le temps passa jusqu’au jour pluvieux où j’allais m’installer aux pieds de ma grand mère…
Parfois nous parlions d’autres choses toutes aussi intéressantes pour moi, parfois elle repartait en Russie
avec ses souvenirs.
Aujourd’hui elle s’est souvenue de notre dernière séance…
« Nous étions en Allemagne, Ton papa suivait des études, il voulait être journaliste, et en même temps
se faisait opérer. Il a subit dix sept opérations à la fin il n’en pouvait plus et il renonça aux trois dernières
La situation en Allemagne était très difficile le pays au bord de la faillite. L’’inflation rendait la vie de tous
les jours impossible ton père quitta l’université pour travailler avec Micha …cela suffisait à peine pour
nous nourrir. L’Allemagne ne pouvait plus supporter à elle seule le poids de toute cette émigration russe.
Elle fit appelle au monde entier, l’Amérique, le Canada prirent un grand nombre de familles parmi nous…
Ven 13 Juil - 7:49
