Ne claquez plus vos portes, il suffit du silence !
Je le sais qui revient, j’entends battre son pas,
Le souvenir d’un fou emportant sous le bras
Des poupées de chiffon et un coeur éclaté.
Aussi loin qu’il rêva d’une tombe à creuser :
Sous les feuilles mitées qui tapissent l’hiver,
Où s’enfonce le pied comme happé par l’enfer,
Dans un bateau crevé se remplissant de sel
Et dressant son grand mat amputé vers le ciel.
Coule droit, Capitaine, au clairon de ta nuit !
Ton galon brille encore et ta barbe de crin
Peignée aux mains des femmes et nourrie de l’embrun,
Ne frémira demain que de pinces nacrées
Prélevant sur ta chair quelques lambeaux fanés,
Dévorant à ta face un juste pain de vie,
Très loin de ce vieux lit qui n’attend déjà plus
Que les douces étreintes d’un jeune roulis
Et les filins de soie d’une jambe ingénue.
Ton galion pèse encore autant que ce mystère
Qui souffla dans tes voiles un soupir enfantin,
Et rapporta d’un monde d’effrois et de guerre
Des malles regorgeant d’épices et de vin.
Jérôme
Lun 9 Juil - 5:17