Première partie
Grand-père « K. »
Chapitre I
1897, dans les rues de Moscou, par un froid de canard, un jeune étudiant emmitouflé de la tête aux pieds, marchait d’un pas rapide tout en rasant les murs.
Il s’arrêta, jeta un regard à droite, puis à gauche, avant de plonger dans une impasse…
Frappant un code sur une porte en bois qui menait dans un sous-sol , il attendit …
« Ah, c’est toi, entre vite, nous ne t’attendions plus ! »
« Bonjour camarades, j’ai été retenu à l’université. »
« Pietia ! verse une tasse de thé à Georges qu’il se réchauffe un peu avant de repartir. »
« Les tracts sont prêts ? » demanda notre étudiant tout en buvant son thé brûlant à petites gorgées.
« Oui, peux-tu commencer à les distribuer dés ce soir ? Pénible par ce froid, mais nous sommes en retard, et… »
« Ne t’inquiète pas » répondit Georges « j’ai, tout mon temps ! »
« Voilà le paquet, fais attention tout de même. »
« Au revoir les amis, à bientôt ! »
Georges jeta un dernier coup d’œil sur cette imprimerie clandestine installée dans un sous-sol
Le travail battait son plein. Pietia discutait le plan du prochain tract ; Serge se chauffait les mains contre son verre de thé… aucune envie de sortir par ce froid..
« Bien ! » se dit il en grimpant les marches. La porte claqua, il se retrouva seul. La neige continuait à tomber
Moitié glissant, moitié marchant, tenant à deux mains son lourd paquet, Georges avançait toujours quand il sentit derrière lui une présence, :deux hommes l’entourèrent en criant : « police ! »
Georges suivit les hommes au commissariat sans trop s’en faire, combien de fois son nom lui avait déjà sauvé la mise…
« Alors, jeune homme qui es-tu ? … »
« Prince Georges Alexandrovitch K .”
Chapitre II
« Mon jeune Prince veuillez ouvrir ce paquet. »
Regardant le policier Georges comprit que tout était fini pour lui, le principal était que ses camarades soient protégés … sauvegarder la cellule, se taire quoiqu’il arrive … il ouvrit le paquet , les tracts s’échappèrent sur le sol !
« D’ou vient cette saleté de propagande… ? »
Silence.
« Tu as de la chance, Prince ! »le policier ouvrit la porte « suis nous »
Des corridors sombres se succédèrent et des cellules d ‘où sortaient des gémissements.
Une porte s’ouvrit : « Qui est-ce ? » demanda un homme plus âgé habillé en civil,
« Un révolutionnaire que l’on vient de choper avec des tracts. »
"Faites le rentrer. »
« Bien monsieur le juge mais je ne crois pas qu’il parle ! »
Georges entra dans un bureau bien chauffé, le juge s’affala dans un fauteuil et commença à bourrer sa vieille pipe…Georges debout attendait la suite des événements…
« Alors, jeune homme vous ne voulez pas parler ? » Un long silence s’en suivit…
« Qui êtes vous ? »
« Prince Georges Alexandrovitch K. Social -démocrate, vivant à Moscou, étudiant à l’Université X. »
« Bien, bien… greffier écrivez. (une tête sortie de par derrière une pile de dossiers.)
« Oui, monsieur le juge. »
« Le prince Georges Alexandrovitch K est condamné au bagne à perpétuité, avec interdiction d’entrer en Russie, pour trahison au Tsar Nicolas II et à sa patrie.
Le prochain départ des prisonniers est prévu pour après demain matin… ça vous va jeune homme ? »
« Si vous me donnez la permission de sortir contre ma parole d’honneur, je serai revenu à temps pour le départ. »
« Une parole d’honneur ne se refuse pas ! Par curiosité, quelle affaire importante vous presse tant ? »
« Je vais me marier. »
« Allez-y jeune homme et à bientôt sans faute ! »
« Merci beaucoup. Au fait où m’envoyez vous ? »
« A Irkoutsk » répondit le juge.
Georges sortit du bureau … « Irkoutsk » se dit il « l’endroit le plus froid et inhospitalier de la Sibérie …Que va dire Mâcha ? » et il pressa le pas vers celle qu’il aimait …Ayant atteint les beaux quartiers de Moscou il voyait de loin les fenêtres illuminées…Quand il sonna Mâcha accourut lui ouvrir la porte, elle se jeta dans ses bras :
« Dieu que j’ai eu peur » dit elle entre deux baisers.
« Mâcha veux-tu m’épouser ? »
« Oui, bien sur, mais tu le sais déjà. »
« Demain matin, car je suis condamné au bagne à Irkoutsk, et nous partons après demain à l’aube… »
Mâcha pâlit et dit :
« Viens nous allons prévenir la famille ; le pope nous mariera ce soir et je ferai les bagages demain…Je suis prête à te suivre »
Georges lui embrassa les mains et le front …
« J’en était sur, merci ! Je cours prévenir notre pope à tout à l’heure »
à suivre...