CROISIERE SUR LE NIL.
Je ferme les yeux et j’entends les moteurs du bateau ou le bruit de la clim, plus loin les chants qui s’envolent du minaret… je sais que si j’ouvrais les yeux je verrais le bord du Nil verdoyant qui défile devant le hublot de ma cabine. Surplombant le Nil les dunes de sables brûlant à l’infini…
Je m’endors doucement…
Je ne peux rassembler mes souvenirs, des flashs se bousculent dans ma mémoire … l’arrivée à l’aérogare de Louxor
Sous un soleil de plomb , les bagages, la douane, les papiers, à remplir dans une langue étrangère, le questionnaire en arabe et quand je demande au préposé à quoi correspond tel ou tel paragraphe il me répond en anglais …. Je sais, tout le monde parle anglais ! sauf moi qui ne compte que quelques mots dans cette langue…
Enfin un égyptien qui m’indique la marche à suivre avec force gestes et quelques mots français !
Partout des hommes en armes , je ne les avais même pas remarqués…
Enfin un écriteau FRAM et nous voilà réunis devant un autocar avec nos valises à roulettes excessivement lourdes…Jurant que la prochaine fois nous voyagerons léger, léger…
Départ pour le bateau Ramsès II ,plus d’une heure de trajet , un capharnaüm sur les routes, la loi du plus fort pour les conducteurs … trop fatiguée pour réagir j’observe autour de moi une ville en ruine -la France en 44 – et toujours ces hommes en armes qui nous regardent passer en fumant ou discutant entre eux… sur les bords des routes marchent les femmes portant de grosses charges sur leur tête, et de petits ânes trottinant surchargés, mais n’ayant pas l’air de souffrir.
Après 18 heures de voyage nous voici arrivés au bateau, luxe du XIX° siècle, air conditionné, accueil chaleureux.
Je n’avais qu’une idée prendre possession de ma cabine, m’allonger , un vague brouillard m’entourait…
Mon fils m’accompagna cabine 108 où je m’écroulai enfin !
II
J’ouvre les yeux , le soleil se couche sur le Nil . Quelle beauté ! ce feu bleuté que je regarde avec le cœur, à peine
quelques minutes après c’est la nuit qui tombe sous les chants des minarets qui se perdent dans les dunes.
Je n’ai pas vu grand-chose à Louxor. Un champ en pleine ville avec en vrac déposées des pierres sculptées
Et des marchands de babioles mêlés aux mendiants… La beauté du temple Amen Ra et les autres visites, je n’ai pas pu les faire, alors j’explorais le bateau : en haut la piscine, fauteuils et bar … affalée sur un transat j’admirais les deux rives fertiles du Nil , quelques chèvres , les ânes et les premiers chameaux que j’ai vus mâchonnant les feuilles des arbres à leur portée, l’œil doux nous regardant avec une indifférence tranquille…
Nous naviguions vers le barrage d’Edfou …
Bercée par mes pensées je plonge dans le sommeil… Où suis- je ?
J’ai appris qu’il y avait 700 bateaux sur le Nil ; chaque fois que nous en croisions un, ce sont des coucous, les mains qui nous saluent en signe de bienveillance surtout des égyptiens, les autres croisiéristes sont beaucoup plus froids…
Le barrage est impressionnant sur le plan technique, les bateaux sont entassés en attendant leur tour …les mendiants sont toujours là criant : " un euro madame, un euro " c’est triste ces petits corps maigres entre 5 et 14 ans …
Quand notre bateau est arrivé au bord de la barge, un militaire en arme s’approcha de ma fenêtre pour me demander un euro… j’étais outrée !
Le bateau continue sa route …Kom-Ombo à quoi bon vous raconter ; une carte postale vous en dira bien plus que moi.
Par contre le tour des îles en felouque où la faune et la flore sont étonnantes pour nous, un oiseau grand comme un faisan , doré avec une aigrette haute et colorée qui danse à chaque mouvement de sa tête, lui même perché sur de longues pattes. Les feuilles d’un arbre que l’on appelle « le pudique » car dès que l’on touche une de ses feuilles elle se replie sur elle-même ! Après avoir fait une longue balade entre les îles, nous accostons sur la berge sauvage du fleuve. Nous grimpons sur la dune . Un coin protégé du soleil par des nattes nous accueille avec le pain, le fromage et le miel … les égyptiens en djellaba nous apportent thé, café ou jus de fruit nous somme assis à même le sol sur des nattes et dans un coin ,bien sûr, vente de souvenirs ; comme dans chaque groupe nous avons aussi nos spécialistes du marchandage , je ne suis pas douée, mon voisin de table, un Suisse , se met à marchander la pyramide que j’allai prendre, il a obtenu six pyramides de toutes les tailles et un porte clé pour son service ! Je ne sais pas encore où est la moralité dans cette histoire ?
Je peine beaucoup pour monter et même pour descendre, tout le monde m’aide –« Où est la Mamie ? »
Les mains se tendent, me tirent, me poussent … et j’arrive finalement à rejoindre le bateau. !
III
Pas une seule femme sur le bateau parmi le personnel… J’avais deux lutins chargés de ma cabine…
Tous les soirs je retrouvais sur mon lit une fleur de lotus confectionnée avec mes serviettes de bain,
Un cygne, un pantin avec mon chapeau et mes lunettes, tous les soirs nouvelle surprise et eux cachés derrière une porte riant à gorge déployée…
Assouan…
Nous sommes sortis pour nous mêler à la population sous l’œil noir et méfiant du policier qui surveille tous ceux qui rentrent ou sortent du bateau…Mon fils a été faire un tour en calèche, il a acheté des épices et surtout avec cette langue universelle faite de gestuel et de mots français, anglais, arabes il s’est lié d’amitié avec le propriétaire de la calèche qui l’a invité à prendre le thé chez lui et lui a présenté sa mère et sa famille… le lendemain il retournait chez son ami Ali et depuis notre retour il se sont téléphonés…
Moi je me suis liée d’amitié avec un chauffeur de taxi qui entre l’agriculture et le taxi arrive à joindre les deux bouts
Ses enfants vont à l’école …il m’a invitée à prendre le thé à l’ombre d’un vieil arbre, les femmes sont restées cachées à la maison mais les enfants intrigués par ma présence tournaient autour de moi….
Philae Temple d’Isis…
Où ai-je vu la maison de la chirurgie ? Qu’importe ! il ne reste que la base des chambres décorées et
l’énorme pierre qui servait de table pour le patient ; on y pratiquait la petite chirurgie et même la trépanation !
Il a été prouvé que le trépané survivait des années après l’opération !
Impressionnant !
Le désert toujours présent derrière les rives du Nil … immenses dunes de sable se noyant dans l’horizon brûlant. !
Les jours passent …à peine ai-je repris mon souffle qu’il est temps de quitter notre magnifique bateau pour voler jusqu’au Caire…
Aéroport , papiers, armée, pas un sourire … pas un mot de français … soleil de plomb
Ouf on en sort après avoir récupéré nos bagages, on nous enfourne dans un autocar climatisé et nous voici
Partis pour l’hôtel … Hilton Continental … une heure et demi de course effrénée dans le Caire avant d’atteindre cet oasis un vrai paradis terrestre…
Le Caire
Memphis
Les Pyramides
Le Sphinx
Grandiose, mais où est l’Egypte ? L’ancienne que l’on peut voir dès l’enfance au Louvre …ou dans les livres
scolaires … celle des ruines qui me poursuivent même au Caire, la capitale, tout est à moitié reconstruit
l’extrême pauvreté, le manque d’hygiène … « l’eau est potable mais il est fortement déconseillé de la boire »
Le sourire de l’enfant qui me tendait son bras maigre … l’hospitalité, la beauté …
Si pour les uns l’Egypte ce sont les vestiges du passé …
Pour moi l’Egypte c’est l’espoir du futur
Ven 6 Juil - 8:56
