Mon cousin.
En montant l’escalier qui menait à notre petit appartement… je devrais dire une mansarde composée de deux pièces.
Nous y étions entassés à quatre ma mère, mon père , ma petite sœur et moi.
Cette mansarde louée avant la guerre, en attendant de trouver mieux, se situait dans la banlieue au sud de Paris….
Mes parents après 14 ans de séparation décidèrent de reprendre la vie en commun, d’où
le déménagement dans cette mansarde, puis la naissance de ma petite sœur …imaginez quel cadeau la vie me fit ! Je pouponnais ce petit bébé qui me semblait être mien… et le bonheur parfait régnait dans notre mansarde !
Montant l’escalier il m’a semblé entendre beaucoup de bruit dans notre « appartement »… des cris, des chuchotements, des rires !
« Ah là voilà, votre grande fille »
Je me trouvai devant un couple et un garçon de neuf ans tout maigrichon
« Vlad, voici ta cousine Natacha. » Maman ajouta : « Voici Alexis mon cousin germain et sa femme … »
Les présentations aussitôt faites les grandes personnes nous oublièrent pour évoquer leurs souvenirs… J’appris que les cousins s’étaient cachés pendant la durée de la guerre en zone non occupée ayant fui de Bruxelles à pied… et revenaient enfin chez eux , par les mêmes moyens… les conversations reprirent de plus belle …je pris mon petit cousin par la main et l’emmenai dans la seconde pièce qui nous servait de cuisine, ma chambre était séparée par un rideau. C’était mon coin.
« Vlad , pendant que les parents bavardent nous allons nous occuper du dîner. Qu’en penses tu ? »
J’explorai notre unique armoire « Un paquet de nouilles , sauvée ! pour le reste nous verrons par la suite !»
J’allumai le réchaud à alcool posé dans l’évier par précaution … et je parlais avec mon nouveau petit cousin qui intimidé ne disait pas un mot !
Enfin les pâtes furent cuites et je retournai dans l’autre chambre pompeusement appelée le salon et qui servait de salle à manger et chambre à coucher pour les parents. Vlad m’aida à porter les assiettes et je fis le service avec lui…
En France, c’était la fin de la guerre et mes nouilles parurent un met de choix…Nous terminâmes ce repas par du thé avec probablement une friandise que ma mère gardait toujours en réserve pour les grandes occasions
Là c’était l’occasion ou jamais.
Ayant fini mes obligations de grande fille.. je demandai aux parents la permission d’aller au cinéma avec Vlad ?
« Mais bien sûr les enfants ! » s’écrièrent-ils d’une même voix ! et nous voilà parti tous les deux… ce petit garçon maigrichon et taciturne me brisait le cœur…j’avais l’impression de parler dans le vide ! le chemin jusqu’au cinéma était long , les autobus rares et pour trois stations nous y allâmes à pied …
Je voulais voir « Les hauts du hurle vent » quel film magnifique pour une jeune fille de quinze ans ! j’étais bouleversée à la sortie… Je n’ai aucune idée de l’impression que ce film a pu faire sur mon petit cousin de neuf ans.
Sur le chemin du retour sa petite main serrait très fort la mienne mais je n’avais plus le courage de bavarder.
Quand nous sommes revenus après minuit les parents dormaient dans la grande pièce, ils ont du pousser la table et mettre le matelas par terre…
J’installai Vlad dans mon lit et me glissai à ses cotés en le serrant dans mes bras…Nous étions émus,
Ce fut le pacte de notre amitié, j’avais trouvé l’amitié d’un petit cousin…
A suivre...
Natacha Péneau