Le vent portait des cris sans noms et sans visages
Et frappait sa furie aux parois de ma cage.
Je me savais de chair et lui, d’éternité,
Avait vaincu la Terre et couché tous les blés.
Je me voulais poussière, cendre des beaux jours,
Quand l’aube est un désert et l’âme, sans contours,
Soulevé, ébloui, comme un songe dormant,
Renaissant à la vie sur un souffle géant.
J’aurais vu ma lumière peinant au lointain,
Qui sait tant ma prière et me chauffe les mains,
Vaciller lentement de ses larmes de cire
Et s’éteindre en coulant comme un chaud souvenir.
J’aurais su ces voyages violents et secrets,
Chevauchant les nuages de suies et de craies
Et tonnant la frayeur aux enfants assoupis
Qui se lovent aux peurs et tremblent dans la nuit.
Jérôme