Les Volcans de Larmes
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 Les anglais ont débarqués.

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Natacha Péneau

Natacha Péneau


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MessageSujet: Les anglais ont débarqués.   Les anglais ont débarqués. Icon_minitimeDim 24 Juin - 15:13

Fin de l’enfance (suite)
(Les anglais ont débarqué)
Ce matin les externes arrivent avec un air mystérieux en chuchotant " ça y est les anglais ont débarqué ! " Nous les internes d'un pensionnat aux environs de Paris, nous n'osions pas y croire ! Ce n'était pas la première fois que ces bruits circulaient.
" Serait-ce possible ? "
Nous allons cuisiner un professeur sympathique - motus- ou la nouvelle était fausse ou les ordres avaient été donnés pour nous tenir à l'écart…
La journée s'avançait personne n'avait envie de travailler, nous nous efforcions de lire sur le visage des adultes, mais rien ne perçait dans leur attitude sinon plus de froideur que d'habitude.
Après le déjeuner les externes nous confirmèrent la nouvelle : les anglais avaient bien débarqué et se battaient comme des lions sur les plages normandes. C'était en juin 1944.
Où était la Normandie ? Etait ce loin de Paris ? En plongeant dans mon livre de géographie j'ai pu faire le point…moi nulle en Géo, enfin là, je lui trouvais un intérêt…
Suppliant les externes de nous apporter des nouvelles fraîches le lendemain, en attendant nous étions toujours dans le brouillard !
Cette nuit les sirènes hurlèrent à la mort, nous passâmes une partie de la nuit dans les abris souterrains creusés dans le fond du jardin de notre pension.
Les bombes tombaient sur la gare de triage de Raincy non loin de chez nous, sifflement- attente- bruit- flamme …ce n'est pas pour nous…le sifflement recommence,
l'attente les petits se serrant contre nous les grandes -" ce n'est rien les anglais ont débarqué
bientôt la guerre sera fini, les mamans reviendront des camps et les papas aussi… "
Mais qu'est ce que je raconte ? Je ne suis même pas sûre que le débarquement ait eu lieu !
Les sirènes hurlent la fin de l'alerte. Nous regagnons vite nos lits, le jour pointe ,encore une petite nuit sans beaucoup de sommeil, la nourriture était très chiche et nous avions toujours faim, froid et sommeil.
Impossible de me rendormir et si vraiment ils avaient débarqué? Combien de temps leur faudra-t-il pour arriver jusqu'à nous ? Vont ils bombarder cent sept ans à notre porte ?
La sonnerie du réveil… je me lève et vais aider les petits à s'habiller… l'étude avant le petit déjeuner, une étude pendant laquelle tout le monde somnole…
Petit déjeuner et enfin l'arrivée des externes ! " Alors quoi ? Comment ? où en sont ils ? "
" Rien ils se battent comme des lions " Oui ils ont débarqué Hourra ! Combien de temps leur faudra-t-il pour arriver jusqu'à nous ?
La fin de la semaine les trains marchaient encore et o miracle je n'étais pas privée de sortie !
Je sautais dans un wagon bondé en direction de Paris … le train se traînait lentement au milieu des décombres maisons en ruines, d'autres coupées par moitié, des lits défaits; ont-ils survécu ceux qui l'occupaient auparavant ? Nous passâmes lentement devant le cimetière de Rancy : corps à moitié décomposés, ossements… labourés par les bombes, les stèles et les crânes nous regardaient passer…
Non il n'y avait ni cellules de crise, ni Psy à notre arrivée à la Gare de l'Est, mais une grande fille de quatorze ans qui devait prendre le métro pour rentrer chez ses parents…


Les bombardements devenaient de plus en plus fréquents et rapprochés, nous n’étions pas loin de la gare de triage de Raincy qui était la cible des bombes.
Un samedi en allant chez mes parents, je vis le cimetière de Raincy littéralement labouré, les os mêlés aux tombes, la terre recouvrant à peine les cadavres fraîchement ensevelis.
Les Anglais avaient débarqué, j’étais sans le savoir dans le dernier train rejoignant Paris…
Mes parents étaient installés dans une chambre d’hôtel rue du Dragon au quartier latin. Maman était sur le point d’accoucher et recevait de la mairie une ration de nourriture par jour que nous partagions, elle travaillait également dans un atelier qui fabriquaient des écharpes sur soie, mais également des mouchoirs avec la tour Effel, l’arc de Triomphe et la colonne Vendôme…
Ces mouchoirs, souvenirs de Paris étaient-ils destinés aux occupants qui s’apprêtaient à fuir ou à nos libérateurs ? L’argent n’a pas d’odeur…
Les gens dans la rue étaient inquiets, la peur a une odeur spéciale ! Paris avait peur…
Ne pouvant revenir à la pension, je restais avec mes parents.
Le matin j’accompagnais mon père à Auteuil, à pieds, car il n’y avait plus de moyen de transport, il travaillait dans un magasin de pièces détachées pour camion. Ensuite je revenais en traînant dans notre chambre d’hôtel ou j’aidais ma mère à décorer les mouchoirs, c’était très amusant de dessiner avec un petit tube de papier remplie d’une substance argentée ou dorée, mes Tours Effel ne tenaient pas toujours bien droite mais dans le tas elles passaient….J’avais l’impression d’aider notre petite famille à subsister.
Paris était privé de gaz et d’électricité, mais le système D était infaillible dans toutes les situations, il y avait toujours une solution.
A l’heure du dîner sur toutes les fenêtres apparaissaient deux grandes boites de conserves superposées, ingénieusement découpées l’une servant de foyer et au dessus de l’autre on posait doucement la gamelle à réchauffer…
Pour tiédir la marmite …. le carburant se composait de boulettes en papier légèrement humidifiées et bien tassées, heureusement qu’à cette époque le papier ne manquait pas. Ma tache consistait à fabriquer les boulettes et entretenir le feu pendant des heures pour réchauffer notre pitance du soir…Pendant ce temps je racontais à ma mère toutes les histoires qui me passaient par la tête, j’étais une incorrigible bavarde et elle un très bon public !
L’armée de la libération approchait et les rumeurs les plus étranges couraient dans les rues :
« Les allemands vont brûler la capitale avant de partir. »... « Tout Paris est miné » . Les FFI tiraient sur les allemands qui ripostaient à leur tour sur tous ce qui bougeaient… Je me suis trouvée plusieurs fois au milieu des fusillades, des voix me criaient : « Fifille couche toi par terre ! » Moi qui me prenais pour une grande aventurière…vexant de se faire appeler « fifille » !
Ne pouvant plus travailler Papa partait tous les matins chez Grand-mère pour discuter de la situation politique,
Je l’accompagnais jusqu’à la porte de Versailles et revenais en flânant chez nous. Grand mère était toujours fâchée contre moi qui avais déshonoré son fils…les colères de ma grand mère me laissaient indifférente…
J’aimais observer les rues de Paris vide, les gens courant d’un porche à l’autre.
Je me suis retrouvée sous un porche où je m’étais engouffrée en courant : nez à nez avec un allemand armé, baïonnette au fusil, il a eut aussi peur que moi, drapée dans ma dignité je ressortis rasant les murs vers notre domicile de la rue du Dragon.
Grâce à l’inconséquence totale de mes parents je pus suivre les événements au jour le jour dans la rue…L’armée allemande fuyant dans les chars, les camions ou à pied, laissant derrière eux des soldats pour tenir la ville (les sacrifiés).
…Les Résistants français brassard sur leur manche essayaient de libérer Paris avant l’arrivée de la troupe de libération du général Leclerc. Les rues devenaient de plus en plus animées par leurs fusillades, mes balades de plus en plus passionnantes et dangereuses!

Cela ne dura que quelques jours, on nous annonça que l’Armée Française allait défiler sur les Champs Élysée. Je m’y précipitais, j’étais parvenue à la hauteur du Grand Palais, l’avenue était pleine de monde, la peur avait disparue, nous attendions tous ce défilé symbole de la libération de Paris.
En apercevant les uniformes kaki un immense cri de joie s’éleva de la foule, quand les premiers hommes arrivèrent à ma hauteur la fusillade commença…les allemands cachés sur les toits arrosèrent les soldats aussi bien que la foule de leur mitrailleuse ou de leur fusil. Dans les jardins il y avait un restaurant, les jeunes gens munis de brassards cassèrent la fenêtre pour y emmener les blessés, les autres avaient pris leurs jambes à leur cou et se cachaient sans l’aide de personne. Moi je redeviens « Fifille » ! « Fifille aide moi à transporter cette femme, Fifille apporte nous de l’eau, il y a un robinet dans le jardin, Fifille par ci, Fifille par là… » et puis plus rien apparemment on n’avait plus besoin de moi, je repris le chemin de la maison, ayant l’impression d’avoir vécu quelque chose de grand et de fort !
Pendant les jours qui suivirent il y eut encore quelques batailles de toits, les allemands prisonniers étaient parqués sur une place entourés de grillage et livré à la vindicte populaire.
Ceux qui se cachaient encore sur les toits furent tirés comme des lapins et s’écrasaient sur la chaussée sous les applaudissements des amateurs qui observaient avec un plaisir malsain le sang qui gicle… Les femmes qui avaient eu des rapports avec les allemands étaient rasées et nues avec des croix gammées dessiné sur leur corps, promenées à travers la ville dans des camionnettes… j’étais écœurée par la populace, car ceux qui jubilaient maintenant n’étaient certainement pas ceux qui se sont battus pendant la guerre, ni les prisonniers qui n’étaient pas encore rentrés ! C’était un troupeau d’adultes que je mettais dans le même sac en les méprisant : des sans cœurs.
Paris était libéré, les transports rétablis, ma mère n’avait pas encore accouchée. Mes parents m’envoyèrent à la pension.
Les trains étaient bondés, j’observais debout sur le marchepied bien accrochée à la rambarde. Les dégâts étaient considérables, en quelques semaines il me semblait traverser des champs de ruines d’où émergeaient : une demi maison bien découpée avec les chambres, le papier peint quelques meubles dont certains suspendus dans le vide…
Quelle tristesse !
*****************
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Natacha Péneau

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MessageSujet: Les anglais ont débarqués   Les anglais ont débarqués. Icon_minitimeDim 24 Juin - 15:18

Excuse moi, c'est pour demain car je ne pourrai pas me mettre à l'ordinateur avant l'après midi et encore si je ne suis pas trop crevée. Bonne soirée amitiés à demain,
Nat.
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Rodes (nurtapa)
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MessageSujet: Re: Les anglais ont débarqués.   Les anglais ont débarqués. Icon_minitimeLun 25 Juin - 4:07

Bonjour Natacha,

Paris brûle-t-il ? Oui, ce que tu décris correspond parfaitement à ce que les films transposent à l'écran.La libération a dû être un évènement inoubliable pour quantité de français, un moment que j'aurais bien aimé vivre. QU'avons-nous fait de cette liberté , ça, c'est une autre question !

Amicalement

Jérôme
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Natacha Péneau

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MessageSujet: les anglais ont débarqués.   Les anglais ont débarqués. Icon_minitimeLun 25 Juin - 10:30

Si l'environnement évolue, l'homme reste l'homme avec les mêmes bassesses , les mêmes passions, la même cruauté...parmi cette masse humaine il y a quelques lumières qui brillent ... et ceux qui font palir les étoiles dhorreur...
Ceci dit( j'enfonce des portes ouvertes...) La libération de Paris vécue au jour le jour fut une expérience extraordinaire !
Bonne journée, à bientôt
affection, Nat

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MessageSujet: Re: Les anglais ont débarqués.   Les anglais ont débarqués. Icon_minitime

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