Les Volcans de Larmes
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 Fin de l'enfance suite...La pension

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2 participants
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Natacha Péneau

Natacha Péneau


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MessageSujet: Fin de l'enfance suite...La pension   Fin de l'enfance suite...La pension Icon_minitimeSam 23 Juin - 9:02

FIN DE L’ENFANCE … (suite)
LA PENSION

Un pavillon, dans la banlieue est de Paris, entouré d’un grand jardin. C’était une pension privée, où je fus conduite par mon assistante sociale.
Le rez-de chaussée était aménagé en salle à manger pour élèves, une grande pièce entourée de baies vitrées par lesquelles fusaient nos rires et nos bavardages ; celle des professeurs plus petite se trouvait un peu plus loin. La cuisine…comble de nos convoitises, d’où sortait le fumet délicieux d’un ragout qui ne faisait que passer devant nous...
Le premier étage était composé de deux pièces réservées aux cours et d’une chambre à coucher à la directrice.
Le second étage était notre domaine, ainsi que le grenier. Le dortoir occupait le grenier tout entier et c’est là que l’on m’installa. Le deuxième étage était réservé aux grandes filles et aux cabinets de toilettes avec une salle de bain. Quel luxe !
La merveille des merveilles de l’eau chaude en pleine guerre ; c’était l’été 1943, la plupart des pensionnaires étaient encore en vacances quand l’assistante sociale m’emmena dans cette maison accueillante. La directrice était bossue, complètement déformée, portant d’épaisses lunettes qui cachaient son regard. Elle avait pourtant une voix chaude et profonde qui m’a tout de suite séduite, elle me parla comme à une grande personne :
« Je ne ferme la porte d’entrée que la nuit…tu es libre d’aller et venir à ta guise dis moi seulement où tu vas pour que je ne m’inquiète pas…Tous les jeudis après le déjeuner les internes sortent faire leurs courses, une promenade en ville ou dans les champs, par exemple ! »
Je restais ébahie après un tel prologue, l’impression d’une liberté absolue ! et d’un bonheur complet… s’il n’y avait pas eu cette phrase :
« Bien sur, à la moindre incartade, j’appelle l’assistante sociale qui te remet à l’assistance publique… »
Bien sûr ! on ne laisse pas son passé à la porte quand on recommence une nouvelle existence…Personne ne m’avait avertie qu’il vous colle à la peau et pour toute une vie !
A treize ans j’avais déjà un lourd passé, je baissais le nez, la voix de la directrice me parue soudain moins agréable, je n’étais qu’une marionnette entre les mains de nouveaux personnages, il fallait m’adapter, comprendre les règles, trouver parmi les internes et les externes d’autres camarades ou peut être même de nouvelles amies.

Dans mon dortoir il y avait beaucoup de petites filles, j’étais parmi les plus grandes, la nuit quand les sirènes mugissaient je devais me précipiter et envelopper les petites dans une couverture pour les guider à demi endormies à l’abri… une galerie creusée dans le fond du jardin, même l’été il y faisait très froid les petites se blottissaient contre moi pour se rassurer ou simplement continuer à rêver…
Malgré que je sois endormie et glacée j’avais ces enfants que je protégeais, mon cœur se serrait devant leur petit corps fragile et démuni, était-ce un début de sentiment maternelle ?
Les vacances scolaires n’avaient pas vidée le pensionnat, j’appris que la plupart de mes compagnes étaient juives. Certaines mamans se cachaient à l’extérieur faisant des sauts de puces pour voir leurs enfants sans pour cela les mettre en danger…Les pères avaient tous été arrêté, les visites des mamans se faisaient de plus en plus rares… les enfants espéraient toujours :
« C’est par précaution, pour ne pas attirer l’attention des allemands sur nous, Maman n’est pas arrêtée, elle reviendra bientôt ! »
Je vais anticiper sur mon histoire en vous disant qu’à la libération, espoir mêlé de larmes, l’attente a été vaine, cousin ou oncle venaient chercher mes petites amies en leur annonçant la mort de leurs parents. Ce désespoir muet que je partageais avec elles, leurs bras autour de mon cou avant de partir vers un avenir incertain…je ne les ai jamais revues, mais j’ai gardé dans mon cœur toutes ces petites filles que j’ai tant aimées pendant cette période de ma vie…et qui me le rendaient si bien.
Les cours allaient bientôt reprendre…Les internes revenaient peu à peu. Nous étions environ une cinquantaine d’enfants en comptant les quelques externes, réparties dans les deux classes. Je suivais les cours dans la classe des grands qui comprenait :les sixièmes jusqu’au bac, n’ayant aucune base d’ instruction je participais à tous les cours qui m’étaient accessibles, c’était passionnant ; je peux dire que j’ai été heureuse…La bibliothèque était très bien fournie, j’avais des amies avec lesquelles nous avions formé le groupe des trois mousquetaires …
Nous avions nos secrets d’état bien en mains : les batailles rangées pendant les récréations, c’était nous ; les descentes de nuit dans la cave qui contenait des réserves de biscuits vitaminés qui complétaient notre manque constant de nourriture, c’était encore nous ! … nous partagions avec tout le dortoir .Nous étions les mousquetaires !
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Rodes (nurtapa)
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Rodes (nurtapa)


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MessageSujet: Re: Fin de l'enfance suite...La pension   Fin de l'enfance suite...La pension Icon_minitimeSam 23 Juin - 13:09

Bonjour Natacha,

Alors, dis-moi, qui étais-tu des 4 mousquetaires ? Toujours cette même atmosphère, à la fois envoûtante et terrifiante, c'est certainement ce contraste qui rendit ta vie si palpitante.

Tendrement

Jérôme
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Natacha Péneau

Natacha Péneau


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MessageSujet: la pension.   Fin de l'enfance suite...La pension Icon_minitimeSam 23 Juin - 16:11

Bonsoir Toi,
, Etant la plus jeune j’ai été élu d’Artagnan, cela m’allait très bien ! En mettant mes nouvelles par ordre chronologique cela m'a fait retravailler pour éviter les redites... c'est juste cette fin de l'enfance qui a été difficile à relier. et aussi à revivre...
Je te souhaite une bonne soirée et t'embrasse tendrement,
à demain
Nat.
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MessageSujet: Re: Fin de l'enfance suite...La pension   Fin de l'enfance suite...La pension Icon_minitime

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