Mon neveu qui a quinze ans ne connaissait pas l’amour.
Il occupait tout son temps à creuser dans les labours
Depuis qu’il avait trouvé, en plantant des potirons,
Un bouquin intitulé « plus ça glisse, plus c’est bon ».
Moi, devant ce désarroi, je le pris par les bretelles
Pour lui enseigner les joies du lycra et des dentelles
Et sortis pour l’occasion de la malle aux souvenirs
Mon flotteur aux gros tétons, la « Poupée nommée Désir ».
Il faut dire qu’à l’époqu’, si t’étais célibataire,
Pour ne pas les mettre en cloque, il fallait te satisfaire
D’un ersatz en caoutchouc qu’on trouvait pour presque rien
Au Grand Marché de Saint-Cloud, chez Malik le Sarasin.
Mais ce temps était passé, s’il en fallut une preuve,
La poupée était crevée comme un coeur de vieille veuve.
Alors donc je décidai de mener le jouvenceau
Dans un bouge de Calais qui faisait dans le puceau.
Le petit se débrouilla comme un bonobo en rut
Et je compris ce jour là le calvaire d’une pute.
Après qu’il eut terrassé quinze grues hautes sur pattes,
J’emmenai mon protégé à l’Auberge des Carpates.
Ainsi donc les jours suivants, le jeune homme enorgueilli,
Fort de ce nouveau talent assouvit son appétit
Tant et si bien qu’il troussa, ça c’est dur à digérer,
La sublime Réséda, mon unique fiancée.
A présent, ils sont heureux, lui, lustrant son arsenal,
Elle brodant des ciels bleus sur des boxers en tergal.
Quant à moi j’ai regonflé ma maîtresse pneumatique
Et je passe mes soirées à ses cuisses élastiques.
Jérôme