Les Volcans de Larmes
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 L'EXODE.

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2 participants
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Natacha Péneau

Natacha Péneau


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MessageSujet: L'EXODE.   L'EXODE. Icon_minitimeJeu 14 Juin - 9:29

L’EXODE


« C’est la guerre, » murmurait on de tous les côtés. Pour moi ce n’était qu’un mot… J’étais prés de Maman….Grand mère m’avait répudiée, mais ne sachant pas trop bien ce que cela voulait dire, je coulais tranquillement les jours les plus heureux de ma vie.

L’école était fermée, personne ne s’occupait de ce que je faisais. Je passais mon temps libre dans le jardin, ou à traîner sur le grand boulevard qui sortait de Paris vers Orly, …j’observais le flot des émigrants… l’exode…

J’y ai beaucoup appris sur le comportement des grandes personnes. Où sont passés les principes inculqués dans mon enfance ?

Les personnes âgées épuisées, s’écroulaient par terre sous l’œil indifférent de la foule qui fuyait, parfois munis de véhicule ou de vélo, mais la plupart du temps à pied… quant aux gamins leur jeu favori : envoyer des jets de pierre sur cette masse rampante, qui n’était plus à un coup près !

Personne pour défendre le vieillard tombé à mes pieds, la tête ensanglantée, ses affaires éparpillées sur lesquelles d’autres marchaient déjà !J’ai pu l’aider à se relever, mais hagard il me renvoya comme une mouche importune….

Je rentrai à la maison toujours triste…si c’est ça la vie ?

Dans mon jardin, c’était beaucoup plus amusant, les pigeons et les poules m’accueillaient comme leur meilleur amie, nous picorions ensemble les fruits et légumes oubliés sur les rames…les petits pois crus accompagnés d’une fraise, quel délice !

En rentrant à la maison, j’ai tout de suite vue qu’il se passait quelque chose de grave !

« L’école organise l’exode des enfants » me dit ma mère, « demain matin tu dois te présenter dans ta classe, d’où vous serez envoyées dans le sud de la France. »

« J’ai préparé ta valise. Viens voir. » C’était encore un coup monté des Grands qui préviennent, on ne sait pourquoi, les enfants au dernier moment des événements importants de leur vie ! Il faut savoir s’adapter, ont ils jamais été des enfants ? Parfois je me le demande.

Le lendemain je me retrouvais dans ma classe, on nous appelait à tour de rôle pour remplir des autocars qui attendaient dans la rue adjacente. Je me suis collée près de deux sœurs habitant dans ma rue avec lesquelles j’allais souvent en classe, ainsi j’étais en pays de connaissance.

« Tout le monde a de l’eau et de la nourriture ? Nous arriverons probablement tard. »

évidemment Maman avait oublié, mais j‘avais trop honte de le dire ! et nous voici parties sur les routes cahotantes de l’exode ; c’est mon tour, pensais-je. Le trajet fut très long, je m’étais endormie dans le car quand nous arrivâmes dans un village de la Nièvre…

« Vite, vite dehors, dans le bâtiment de la mairie, juste en face ! »

Une grande salle, les tables étaient réunies au milieu, entourées d’une foule de villageois. En entrant il fallait grimper sur les tables. A l’énoncé de nos noms les mains se levaient et nous redescendions pour suivre la famille d’accueil qui nous avait choisie…

Une vraie foire à bestiaux ! Je fus prise par des épiciers avec deux autres camarades.

épuisée, assoiffée, affamée je m’écroulais sur une paillasse dans le grenier qui devait m’héberger tout le temps de mon séjour…

II

« Tu as vu, la Russe travaille autant que les deux autres ? à elle seule elle abattra tout le boulot ! »

Aussitôt dit aussitôt fait. Je restais seule dans cette famille Picard, ma vie fut très différente de tout ce que j’avais vu jusqu’alors. Le matin, j’allumais la cuisinière et le grand poêle du magasin. Puis j’allais chercher le lait à la ferme distante de plus d’un kilomètre…

Je devais remplir les seaux à la pompe, puis mettre l’eau à bouillir, après quoi je passais à la boulangerie où je recevais un quignon de pain et je filais à l’école !

Une matinée bien remplie en somme…à l’heure du déjeuner j’avais quartier libre, je faisais mes devoirs et mes leçons en vitesse, car le soir le travail tombait sur moi comme la misère sur le pauvre monde ! Au dîner, assise prés de la porte avec une gamelle en fer sur les genoux, j’attendais que l’on veuille bien me lancer à manger quelque chose…mon ami le chien était aussi mal loti que moi, il se mettait contre mes jambes pour éviter les coups de pieds que je recevais à sa place…

« La Russe, la sale Russe ! » j’ai appris que nous étions l’ennemi dans cette guerre contre les allemands…Papa étant un héros de la guerre de 14-18 et de la Révolution russe, je ne pouvais faire moins que lui…donc je travaillais de toutes mes forces en supportant toutes les avanies. J’avais des plaies aux genoux et au coup de pied qui ne guérissaient pas… Mes nattes furent coupées avec les ciseaux de cuisine et j’avais une bouille de hérisson…

Plusieurs personnes du village devaient me plaindre, car je les entendais dire aux Picard « vous ne l’emporterez pas au paradis ! »

Cela dura près de neuf mois…

Un jour en revenant de l’école je vis une dame inconnue dans l’épicerie qui avait l’air de m’attendre…Dès le premier coup d’œil, elle me dit : « va chercher tes affaires, on s’en va. »

C’était une assistante sociale qui venait constater les mauvais traitements que je subissais..

Les Picard essayaient de se justifier, je rasais les murs, rassemblant mes maigres hardes, l’assistante sociale ne disait pas un mot, elle avait un visage sévère qui ne me rassurait pas sur mon avenir proche. Elle me prit par la main et nous partîmes très vite…

Aussitôt elle me regarda avec un sourire d’une profonde gentillesse, mêlé de pitié, nous primes l’autocar jusqu’à Nevers où nous dormîmes dans un hôtel et le lendemain, le train.

J’adore le train, le bruit ensorcelant de la locomotive, être bercée, doucement après les brutalités des derniers temps, c’était comme un paradis sur terre, surtout quand j’appris que nous allions à Paris chez mes parents …A notre arrivée à la gare, ils étaient tous là….Grand mère, Grand père, Maman, peut être même Papa. Je passais de bras en bras, d’embrassades en embrassades, de pleurs en pleurs…je ne revis jamais l’assistante sociale qui m’a sauvée de l’enfer.

« Pauvre, pauvre petite, qu’ont-ils fait de toi ! »

J’avais envie de pleurer de peine et de joie à la fois. Enfin j’étais revenue.

J’avais neuf ans.

C’était mon exode à moi !…



Natacha Péneau


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MessageSujet: Re: L'EXODE.   L'EXODE. Icon_minitimeJeu 14 Juin - 11:17

Je ne comprends pas. Tu parles de Picard alors qu'il était question de t'envoyer dans le Sud. En outre cet exode fut inutile puisqe tu fus ramenée à ton point de déaprt.

Jérôme
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Natacha Péneau

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MessageSujet: L'exode.   L'EXODE. Icon_minitimeJeu 14 Juin - 11:46

Si tu n'as pas compris c'est que je n'ai pas assez développée, il faudra que je retravaille dessus.
J’ai été dans une famille qui s’appelait : Picard . Quand l’assistante sociale
est passée à l’improviste elle m’a prise immédiatement avec elle pour me ramener chez ma mère.
cela n'a servi à rien car l'occupation vient juste après.
Merci de me lire et de souligner mes faiblesses.
Bonne journée
avec toute mon amitié
Nat.
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MessageSujet: Re: L'EXODE.   L'EXODE. Icon_minitimeJeu 14 Juin - 11:50

Je pensais que tu étais dans une famille picarde . Smile
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Natacha Péneau

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MessageSujet: L'exode   L'EXODE. Icon_minitimeJeu 14 Juin - 12:23

C'était à Arcain dans la Nièvre j'aurai pu me comparer à Cosette et eux aux Thénardier ! C'était à la limite du crédible et du supportable; c'est pour cela que je n'ai pas voulu développer...

Une fois que j'estime que j'ai terminé je n'aime pas revenir (c'est peu être un défaut ) mais je passe à autre chose,
Je continue à avaler la vie comme si je vivais ma dernière journée...à mon réveil le moteur recommence à tourner...
Je t'embrasse tendrement,
bon après midi
Nat
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MessageSujet: Re: L'EXODE.   L'EXODE. Icon_minitime

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