L’intégration
Mon premier jour d’école fut un cauchemar, mes nattes... fierté de ma famille... étaient devenues source de dérision… mes vêtements coupés sous le genou ne correspondaient pas à la mode du jour…
Et surtout je ne parlais ni ne comprenais le français à part quelques mots…
Très vite on me surnomma « sale russe » plus facile à prononcer que mon véritable nom.
Je me sentis perdue devant cette animosité, seule la maîtresse me souriait parfois…j’avais sept ans l’âge légal de la scolarisation…
Grand-mère m’avait appris à lire et à écrire, à compter et différentes autres choses…le corps humain sur des planches en couleurs et puis le monde avec la géographie je n’aimais pas beaucoup, l’histoire russe m’était contée par mon papa et j’adorais !
Un jour les gendarmes sont venus pour notifier à ma grand mère qu’il était temps de me mettre à l’école communale du quartier…
Là mes ennuis ont commencé !
- "Grand-mère, grand-mère" criai-je essoufflée," que veut dire « sale russe » ?
…….
Oh mais je suis propre ! je barbotais dans mon bain tous les soirs… Si les hommes de la maison se lavaient au savon de Marseille, grand-mère et moi nous avions une savonnette qui sentait très bon !
C’est une erreur ! Le lendemain j’expliquai avec ma naïveté, dans mon français bancal que je n’étais pas sale !
Ce qui déclancha les rires, les bousculades et les coups…et sale russe me colla à la peau…
Je trouvais que les françaises étaient méchantes ! Ma grand-mère avait beau me dire que j’étais française déclarée à la naissance cela ne me faisait aucun plaisir et quand je pris mon courage à deux mains pour dire à l’école que j’étais bien française, les enfants m’écartèrent méchamment et je me trouvais encore plus isolée, incomprise mal aimée…
Cette première année je sautais plusieurs classes car j’assimilais le français rapidement ainsi que les lettres qui n’étaient pas si différentes que ça … Dans chaque classe mes compagnes devenaient plus dures avec une pointe de cruauté… et moi je détestais de plus en plus les français !
Un jour j’ai essayé de fuir pendant la récréation, mais je fus rattrapée… je n’ai pas su expliquer à quel point j’étais malheureuse…Ma grand-mère fut convoquée et je devint « la fugueuse » qu’il fallait surveiller… Grand mère était très mécontente de mon comportement à l’école et moi je détestais de plus en plus mes compagnes de classe !
Même la maîtresse était injuste à mes yeux !
Ce fut le début de mon intégration !
Natacha Péneau
Mar 12 Juin - 8:16