Vigie des Rêves
Je regardais, étant enfant,
Vigie haut perchée sur la hune,
Le monde aux vents ébouriffants
Qui berçaient mon mât de fortune.
Le cèdre entraînant son fétu,
Moi, capitaine de ce rêve,
Agitait sa cime battue
D’un souffle parti de la grève.
Poussé vers le large endormi,
Je voyais scintiller le port,
M’éloignant, petite fourmi,
Vers l’immensité de mon sort.
La canopée roulant sa vague,
Aux flancs de ma coque de noix,
Bruissait comme une eau qui divague,
Emportant mon filet de voix.
Je me réveillais étourdi,
Pris au piège de la voilure,
Au bateau tiède de mon lit
Qui reposait, las, sa mâture.
Jérôme