Je vogue sur le temps ainsi qu’un vieux navire
Balloté par les flots ; Mon cap est au trépas.
Déjà l’orage gronde affolant le compas,
Le gouvernail est mort, mon esprit tourne et vire.
J’accroche au désespoir une antique trévire,
Les lambeaux d’existence englués à mes pas…
Mais mon corps épuisé ne lui résiste pas :
Le funeste océan me happe et me chavire.
La tempête rugit, me crache sa fureur,
Tourneboule mon corps alourdi de terreur
Alors, dans les brisants, j’abandonne ma rage.
Et quand l’aurore inonde un tapis de varechs,
Etroitement mêlée au débris du naufrage,
Ma dépouille s’échoue au ban de mes échecs