Elle porte dans ses cheveux
Toutes les couleurs de l'automne
Dans le petit matin frileux
Les derniers soleils y frissonnent
Elle pare l'aube rêveuse
Posant au bord de son regard
La longue écharpe vaporeuse
Au creux de ses vallons blafards
Entre ses bras couleur de neige
Les oiseaux se taisent déjà
C'en est fini de leurs arpèges
Bientôt ils ne seront plus là
Elle a ce parfum lent et doux
D'humus noir et de champignons
Où le raisin mêle son moût
Aux senteurs des premiers tisons
Parfois elle devient maussade
Et convoque des teintes grises
La pluie en triste sérénade
Et le vent, glaçante surprise
De son souffle subtil, un soir,
Elle a décoiffé une rose
Jalouse, aurait-on pu le croire,
De sa beauté à peine éclose
Sa voix rauque invite l'hiver
Lui offrant l'ambre de ses feux
Dans les derniers feuillages verts
Quand ils s'embrassent dans les cieux
Au rythme de ses rondes hanches
Sa valse effeuille les forêts
Et l'on voit à travers les branches
Les nuages d'un blanc de craie
Mais elle reste bonne fille
Nous régalant de ses largesses
De vignes aux grains doux qui brillent
De pommes au goût d'allégresse
Avant qu'elle soit exilée
Au loin par la morte saison
Amis, profitons sans tarder
Du plaisir de ses floraisons