L'année se meurt dans les rires et le champagne
Qui laisse éclater ses bulles au long de la nuit.
L'année prochaine, c'est le mat de cocagne,
La mémoire joueuse oublie tous les ennuis.
Invariable chanson, le cours des saisons
S"est effeuillé avec grâce sous nos semelles.
Pas d'empreintes sur la terre, hormis les buissons
Qui gisent écrasés par le temps et le gel.
L'année mourante embarque déjà avec elle
Ce qui la fit briller de tous ses feux ardents,
Les bonheurs unis, parés de fines dentelles,
Quand les corps se cherchaient, impatients et aimants.
Certains jours, la peine nous a piqué de son bec
Et nos yeux se sont égarés sous le poids
Des jours et la charge écrasante de l'échec.
Les larmes coulaient parfois au fond de nos voix
Le coeur pèse les choses à l'aune de la plume.
Il vole léger au hasard des inventaires,
Sur les heures, les minutes de la brume
Stuporeuse des liqueurs dans les verres.
C'est un nouveau départ que nous souhaitons prendre
Et voler à l'air le charme de l'écume,
Le goût de retrouver le chemin du tendre,
S'éloigner enfin de toute l'amertume.