Là-haut plane l'oiseau c'est un aigle je crois,
Dans les flux ascendants, ses ailes déployées,
Il se laisse glisser, majestueux, un roi
Sans entraves, seul, libre, au-dessus des nuées.
L'esprit vagabonde sur les vents de la nuit,
Porté, dilué par l'invisible courant,
Écharpe de soie, songe vite évanoui,
Comme un fétu de paille emporté par le temps.
Je suis ainsi, échappée, je vole avec lui.
Mon souffle voyage et ne s’accroche à rien,
Il traverse le temps, sous la lune qui luit,
Ou, parfois, par hasard, les souvenirs anciens.
Je pars, mais il me faut encor vous préparer,
A cet arrachement, comme un dernier cadeau,
Celui d’une mère à tous ses enfants aimés,
Puis ensuite, usée, je tirerai les rideaux.
Mon corps gît, épuisé, je suis en retrait de tout.
Mais je vous vois, mes enfants, avoir le cœur lourd,
Dans l’attente ou la colère, et jusqu’au bout,
Réunis autour de ce qui fut moi un jour.
Alors, la mort dans l’âme déjà, j’ai fermé
Les yeux, et je suis rentrée dans le silence
A mon corps défendant, triste mais résignée
Je vous conduis à l’inévitable absence.