Le vertige les prend toujours à l'automne.
Comme une gangue de pierre, le froid saisit
Et ravive la douleur, hyène gloutonne,
Que le temps, dans ses tentacules, avait transie.
Derrière le mur, les ifs percent le ciel gris
Le soleil épars porte leurs ombres sur les pierres,
Fières chimères décharnées qui pleurent la vie,
Sentinelles des allées où gisent les suaires.
C'est d'un pas d'enfant timide qu'ils y avancent,
Se prenant le bras comme pour se rassurer
Conscients soudain de leur brève insignifiance
A l'aune des temps que la terre a traversés.
Les voilà vers la pierre où reposent les aimés
Étreints par le chagrin, comme jetés à la mer,
Perdus d'avoir adoré, détruits de manquer,
Coupables de se sentir vivants et amers.