Danseur fut mon premier McCann et j'avais gardé de cette biographie fictionnelle du danseur Noureev un souvenir éblouissant. J'ai pourtant fait cette deuxième lecture (plus de cinq ans après la première) avec pus de difficulté et moins d'enthousiasme. Il n'en demeure pas moins cependant que, pour moi, Danseur est un grand roman.
Divisé en quatre parties - Russie, Europe occidentale, Etats-Unis, Russie - et couvrant une cinquantaine d'années, de la Seconde Guerre Mondiale au début des années 90, Danseur retrace le parcours de Rudik Noureev, de sa ville natale d'Oufa aux scènes internationales. Dès l'entrée dans le roman, nous sommes prévenus : il s'agit ici d'une fiction. Que ce soit de l'avertissement de l'auteur - "Ceci est une œuvre de fiction" - aux derniers mots de l'épigraphe emprunté à William Maxwell - "Quoi qu'il en soit, chaque fois que nous parlons du passé, nous mentons comme nous respirons" - tout nous indique que le danseur qui va s'agiter devant nous est une figure fantasmatique, à mi-chemin entre le vrai et le faux, le réel et l'inventé. Une légende, en somme. Un mythe.
Pour cela, Colum McCann choisit une narration éclatée entre plusieurs points de vue qui vont, tour à tour, sans crier gare, prendre en charge un bout du récit : une aide de camp, son professeur de danse, son mari ou sa fille, une gouvernante, un gigolo, sa partenaire Margot Fonteyn, Rudi lui-même ou un narrateur omniscient... autant de voix qui créent le faisceau qui éclaire le danseur et en révèle les différentes facettes. Enfant espiègle et passionné, jeune homme désinvolte et cynique, fils attentionné, danseur adulé, noceur avide de sexe, Noureev est à la fois tout cela et rien de cela ...
Extrait d’une critique du livre de Colum McCann.
Amicalement
Natacha